Rappel aux urnes
Le candidat arrivé en tête du premier tour le 24 novembre à la surprise générale, conteste ce qu’il nomme un «coup d’Etat» après la décision de la Cour Constitutionnelle annulant les résultats.
Une annulation et un mécontentement massif. Le candidat d’extrême droite à la présidentielle roumaine Calin Georgescu a appelé à la mobilisation dimanche contre l’annulation du vote par la Cour constitutionnelle sur fond de suspicions d’ingérence russe en sa faveur. Il «estime que voter est un droit acquis, c’est pourquoi il pense que les Roumains ont le droit d’être devant les bureaux de vote demain», a expliqué son équipe de campagne dans un communiqué.
Fait extrêmement rare en Europe (le dernier scrutin annulé était le second tour de la présidentielle autrichienne en 2016), la justice a annulé vendredi le scrutin dans ce pays membre de l’Otan et voisin de la guerre en Ukraine, alors que Calin Georgescu avait remporté le premier tour à la surprise générale. Les autorités l’accusent d’avoir bénéficié d’une campagne de soutien illicite, notamment sur TikTok. Pour motiver sa décision la Cour a notamment fait état de «multiples irrégularités et violations de la loi électorale ayant faussé».
Un millionnaire en crypto imitateur d’Elon Musk
Dans une enquête visant sa campagne et son financier présumé, la justice a perquisitionné dans la matinée samedi 7 décembre trois maisons à Brasov (centre) dans «l’affaire liée à des délits de corruption d’électeurs, de blanchiment d’argent et de falsification informatique». L’opération vise notamment une personne «possiblement impliquée dans le financement illégal» d’une campagne, précise le parquet, sans nommer le candidat prorusse, ni le riche entrepreneur et financier présumé Bogdan Peschir. L’enquête a été ouverte cette semaine après la déclassification de documents des services de renseignements étayant des accusations sur le rôle de TikTok dans la campagne, avec la Russie dans le viseur.
Les services secrets ont dressé des parallèles avec de précédents efforts d’ingérence électorale russe en Europe et recensé «25 000 comptes TikTok» directement associés à la campagne de Calin Georgescu, devenus «extrêmement actifs deux semaines avant» l’élection. Ils font aussi état d’un compte appartenant à Bogdan Peschir, qui a versé des paiements de 381 000 dollars (361 000 euros) entre le 24 octobre et le 24 novembre aux internautes contribuant à promouvoir le candidat.
La source de la fortune de l’homme, qui a travaillé dans des entreprises liées aux cryptomonnaies, n’est pas claire. Selon les autorités, son «train de vie ne correspond pas» à ses activités actuelles. Sept millions d’euros en cryptomonnaies ont été trouvés chez lui par les enquêteurs, affirment deux médias roumains. Anonyme jusqu’à peu, il a comparé son soutien pour Calin Georgescu à celui d’Elon Musk pour Donald Trump. Sur X (ex-Twitter), Donald Trump Jr, fils du prochain président américain, a condamné l’annulation comme «nouvelle tentative de truquer des élections». Le gouvernement américain a, lui, réaffirmé sa «confiance dans les institutions» roumaines.
Une date de scrutin incertaine
L’équipe de campagne de Georgescu a refusé de commenter les perquisitions. Mais le candidat a déclaré sur Sky News qu’il n’y avait «aucun lien» entre la Russie et lui. Celui qui prône pourtant l’arrêt de l’aide militaire a l’intention de contester l’annulation – qu’il a qualifiée de «coup d’Etat» – devant la justice, tout comme George Simion, chef du parti d’extrême droite AUR arrivé 4e et soutien de Georgescu et la finaliste, la centriste Elena Lasconi.
Présidentielle en Roumanie
Le président pro-européen Klaus Iohannis (parti national-libéral), a salué l’annulation. Il reste pour l’heure en poste jusqu’à l’élection de son successeur et s’est entretenu samedi avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Les deux se sont accordés sur la «nécessité de renforcer la sécurité des médias sociaux», a-t-il indiqué sur X, alors que l’UE vient de renforcer la surveillance de TikTok.
La date du nouveau scrutin sera fixée par le futur gouvernement issu des récentes législatives, qui ont donné un parlement fragmenté avec un tiers des voix pour des partis d’extrême droite mais un parti social-démocrate arrivé en tête.
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