Roumanie : rassemblements d’électeurs aux côtés de Calin Georgescu devant les bureaux de vote malgré l’annulation de la présidentielle

Roumanie : rassemblements d’électeurs aux côtés de Calin Georgescu devant les bureaux de vote malgré l’annulation de la présidentielle

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Alors que l’élection présidentielle a été annulée vendredi, plus d’une centaine de Roumains se sont quand même déplacés aux urnes, dimanche 8 décembre, aux côtés du candidat d’extrême droite Calin Georgescu pour protester contre la décision.

Les électeurs roumains étaient appelés à voter dimanche pour choisir entre M. Georgescu, accusé de sympathies prorusses, et sa rivale proeuropéenne Elena Lasconi. Mais vendredi, dans un nouveau rebondissement, la Cour constitutionnelle a décidé de faire table rase du scrutin et de recommencer à zéro. Une mesure sans précédent dans le pays d’Europe orientale et extrêmement rare en Europe.

En cause, de « multiples irrégularités et violations de la loi électorale ayant faussé » le vote sur fond de suspicions d’interférence russe. Un « coup d’Etat », selon le candidat nationaliste, qui avait créé la surprise en arrivant en tête du premier tour, le 24 novembre, et faisait figure de favori dans les sondages. « Je suis ici au nom de la démocratie (…). C’est juste un symbole, un moment de silence », a-t-il déclaré devant une école, près de Bucarest, où il aurait dû voter. « C’est la journée de la Constitution, mais il n’y a rien de constitutionnel en Roumanie », a ajouté le sexagénaire, accusant les autorités d’avoir agi par peur de sa victoire.

Pas d’appel à « faire quoi que ce soit »

Il a annoncé avoir contesté l’annulation devant la justice roumaine et devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Calin Georgescu a aussi dit ne pas appeler ses partisans à « faire quoi que ce soit », alors qu’ailleurs dans le pays, aucun rassemblement de taille n’a été constaté. Habitué des discours nationalistes et mystiques, M. Georgescu a affiché par le passé son admiration pour Vladimir Poutine, mais affirme désormais « ne pas être un fan » et nie tout lien avec la Russie. Il est opposé à l’aide à l’Ukraine et prône avant tout la recherche de la « paix », un positionnement habituel parmi les tenants de la rhétorique russe.

Sa possible victoire suscitait à Bruxelles et Washington les craintes d’une réorientation stratégique dans ce pays de l’UE, devenu un pilier de l’OTAN depuis le début de la guerre en Ukraine voisine. D’après les autorités roumaines, le candidat a bénéficié d’une « campagne guérilla coordonnée » sur la plateforme d’origine chinoise TikTok, qui a démenti les allégations, mais a été placée sous surveillance renforcée de l’UE. Les services secrets ont dressé des parallèles avec de précédents efforts d’ingérence électorale russe en Europe et recensé « 25 000 comptes TikTok » directement associés à sa campagne.

Ils font aussi état d’un compte appartenant à Bogdan Peschir, qui a versé des paiements de 381 000 dollars (361 000 euros) entre le 24 octobre et le 24 novembre aux internautes contribuant à promouvoir M. Georgescu. Anonyme jusqu’à peu, il a comparé son soutien à celui d’Elon Musk pour Donald Trump. Lié à l’univers des cryptomonnaies, il est au cœur de l’enquête selon les médias, et des perquisitions ont été menées samedi dans le centre du pays. M. Georgescu a assuré dimanche ne pas le connaître.

Un autre responsable d’extrême droite, George Simion, qui a également contesté la décision, a appelé à allumer une bougie devant les bureaux de vote – dans l’espoir « de surmonter cet obstacle inédit en trente-cinq ans de démocratie ».

Le Monde

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