« J’avais une grande ambition pour ma carrière et n’avais pas du tout envie que mon endométriose entre en ligne de compte »

« J’avais une grande ambition pour ma carrière et n’avais pas du tout envie que mon endométriose entre en ligne de compte »

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La première fois que j’entends le terme “endométriose”, j’ai 28 ans. On vient de mettre le mot sur mes douleurs après dix-sept ans d’errance médicale, soit largement au-dessus de la moyenne de sept ans entre l’apparition des premiers symptômes et le diagnostic de cette maladie, qui touche une Française sur dix.

Les premiers symptômes apparaissent chez moi dès mes premières règles, qui sont extrêmement douloureuses et abondantes. A l’époque, on parlait très peu d’endométriose et j’avais des troubles plus digestifs que gynécologiques. Aucun médecin ne s’était dit que ça pouvait être lié à mon cycle.

La scène d’annonce du diagnostic a été étrange. La spécialiste qui m’examinait trouvait toutes les zones où j’avais mal. Je m’étais alors mis en tête que j’avais un cancer et que j’allais bientôt mourir. C’est lunaire, mais je me sentais soulagée qu’on ait enfin trouvé ce que j’avais − une tumeur dans mon esprit − et que ce n’était pas que dans ma tête, comme on me le répétait depuis dix-sept ans.

La médecin m’annonce finalement que je suis atteinte d’endométriose, une maladie dont je n’ai jamais entendu parler. Il s’agit d’un trouble où des cellules semblables à l’endomètre, ce tissu qui se forme chaque mois dans l’utérus et se dégrade pour devenir les règles, migrent parfois vers d’autres parties du corps. Elles vont se coller à d’autres organes comme les ovaires, la vessie ou les intestins.

Ma première dizaine d’années avec l’endométriose était galère, mais gérable. Les symptômes ne duraient que pendant les règles. A 20 ans, ça s’est accentué deux à trois jours avant et après les règles. Puis les troubles digestifs ont fini par s’étendre à quinze jours dans le mois. Je souffrais énormément, alors même que je commençais ma découverte du monde professionnel.

Après une prépa, puis une école de commerce où je me suis spécialisée en audit et expertise comptable, je suis entrée dans un grand cabinet d’audit à 24 ans. J’ai choisi de ne pas parler de ma pathologie dans l’entreprise, disant uniquement que j’avais une maladie chronique. Le monde dans lequel j’évoluais était plutôt hiérarchisé. J’avais une grande ambition pour cette carrière et je n’avais pas du tout envie que ma maladie entre en ligne de compte.

” D’importants effets secondaires “

Puis, au bout de sept ans, j’ai fait un burn-out. Le métier était stressant et demandait beaucoup d’énergie. Je n’arrivais plus à m’adapter au poste. Il faut s’imaginer la vie en open space, où je pouvais aller huit à dix fois par jour à la selle. J’ai annoncé que j’avais de l’endométriose le jour de ma démission et que c’était l’une des raisons pour lesquelles je partais. On m’a dit qu’on aurait pu me proposer des aménagements, mais mon choix était déjà fait. Je ne pouvais pas voir mon état s’aggraver tous les ans et rester dans ce monde-là.

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Le Monde

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