«Si je devais violer quelqu’un, ça n’aurait pas été une dame de 57 ans» : le profil d’Ahmed T. accusé du procès des viols de Mazan

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Procès des viols de Mazandossier

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Jugés depuis trois mois à la cour criminelle départementale du Vaucluse, Dominique Pelicot et 50 hommes sont accusés d’avoir violé son ex-épouse sous soumission chimique. Parmi eux, Ahmed T., 54 ans, insiste sur le fait qu’il n’aurait pas «fait une heure de route pour commettre l’irréparable».

Pendant plus de trois mois, Libération a suivi le procès des viols de Mazan au tribunal judiciaire d’Avignon. Le principal accusé, Dominique Pelicot, est l’architecte d’un système tentaculaire de violences sexuelles sous soumission chimique, dans le cadre duquel il a violé et fait violer celle qui était alors sa femme, Gisèle Pelicot, par des inconnus recrutés en ligne. A ses côtés, 50 coaccusés se sont succédé à la barre de la cour criminelle départementale du Vaucluse. Libération dresse les profils de ces hommes, la plupart poursuivis pour «viol aggravé», avant le verdict prévu d’ici au 20 décembre.

Nom : Ahmed T.

Age : 54 ans

Profession : plombier

Faits : une venue, la nuit du 4 au 5 juin 2019

Statut : comparaît libre, après 12 mois en détention provisoire pour «viol aggravé»

Peine requise : 12 ans

Au moment des faits, en juin 2019, Ahmed T. fréquente le site Coco «depuis deux trois ans». «Il y a de tout sur le site. De la musique, moi je suis passionné de vieilles voitures…» Il déroule une succession de premières fois : son rendez-vous avec Dominique Pelicot est le «premier» conclu sur le site, sa «première relation extraconjugale», c’est aussi sa «première fois» à la barre. En couple avec sa femme depuis ses 19 ans, très présent pour ses trois enfants et cinq petits-enfants, il se justifie : «On s’est éloignés sexuellement.» «Je ne voulais pas une maîtresse, mais un couple, je me suis dit “pourquoi pas”.»

Ce plombier autoentrepreneur, au parcours «ponctué de réussites», n’aurait pas été informé de l’état de sédation de Gisèle Pelicot. Refusant la qualification de viol («Je sais ce qu’est un viol, j’aurais attendu 50 ans ?»), il insiste : «J’ai été manipulé.» Celui qui a longtemps tenu un club de boxe martèle : «Je ne vais pas faire une heure de route pour aller commettre l’irréparable.» A Mazan, prenant comme référence des films pornos, où il a «déjà vu des femmes qui faisaient semblant de dormir», il conclut être face à «un couple candauliste» (une pratique proche de l’échangisme). Il «s’exécute», la «pénètre». Son absence de réaction l’inquiète-t-il ? «Je ne me pose pas la question.» Les ronflements de Gisèle Pelicot auraient provoqué son départ. Tentant de placer le viol sur le plan du désir et non de la domination, il lâche, à la consternation générale : «Je ne suis pas violeur mais, si je devais violer quelqu’un, ça n’aurait pas été une dame de 57 ans, mais une belle… Excusez-moi.»

Libération