«Emmanuel Macron instrumentalise nos alliés» : Jean-Luc Mélenchon alerte la gauche sur les conséquences d’une désunion

«Emmanuel Macron instrumentalise nos alliés» : Jean-Luc Mélenchon alerte la gauche sur les conséquences d’une désunion

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Le leader de La France insoumise a mis en garde ses partenaires de gauche, réunis à l’Elysée ce mardi 10 décembre avec les représentants de la droite et du centre, contre le coût politique d’une rupture du Nouveau Front populaire.

L’union ou le chaos. «Si le NFP est détruit par le ralliement à Macron de nos partenaires, on sait ce que ça nous coûtera. On a besoin que le NFP se maintienne», a averti Jean-Luc Mélenchon, ce mardi 10 décembre, au lendemain d’une réunion publique devant plusieurs centaines de militants à Redon (Ille-et-Vilaine). «Qui pense pouvoir gagner un seul siège sans nous ?» a-t-il prévenu alors que les relations entre LFI et le PS sont plus tendues que jamais depuis la création du Nouveau Front populaire au cours de l’été 2024.

«Nos alliés ont peur. Nous, c’est l’inverse, nous n’avons pas peur d’être dans un moment historique. Se rendent-ils compte de la contre-performance de ce qu’ils font ? Emmanuel Macron les instrumentalise et gagne des points à chaque heure qui passe», a estimé l’ancien sénateur socialiste, dont les troupes refusent catégoriquement de discuter avec la droite et le centre de l’après-Barnier. Dans le même temps, les autres partis de gauche étaient réunis par le président de la République, ce mardi après-midi, avec le reste des forces politiques du pays, hors RN. «Je suis inquiet. Normalement ils sont allés à la réunion à l’Elysée en ayant à l’esprit d’en claquer la porte», a-t-il espéré. «Pourquoi ont-ils besoin d’apporter la preuve à Macron qu’ils sont de bonne foi ?»

La désunion déjà actée avec les socialistes

Interrogé sur l’éventualité d’une candidature commune de la gauche à la prochaine élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon a estimé qu’une alliance entre La France insoumise et le Parti socialiste serait impossible, mais n’a pas pour autant fermé la porte à une entente avec les autres formations de gauche, notamment les Ecologistes. «Une candidature commune reste possible à la présidentielle. Je l’ai déjà fait avec le Front de gauche et les communistes. On sait bien que ça ne sera pas possible avec les socialistes, mais il reste les deux autres. La distance la moins grande pour nous est avec les Ecologistes», a-t-il estimé, en rappelant la proximité des deux partis dans leur opposition au nucléaire. Le triple candidat à la présidentielle, qui reste une figure très clivante même à gauche, pousse pour la démission d’Emmanuel Macron et la tenue d’une présidentielle anticipée.

«Peut-être que le Président va tenir jusqu’à la prochaine dissolution» qui ne pourra intervenir avant l’été, a-t-il déclaré. «Mais comment compte-t-il tenir trente mois ?» jusqu’en 2027 donc. Depuis la censure du gouvernement Barnier, les insoumis ont redoublé d’efforts dans leurs appels à la démission, après avoir échoué à faire adopter une procédure de destitution du président de la République au Parlement à l’automne. Le signe d’une volonté d’envoyer leur leader au combat plus tôt que prévu ?

Les socialistes attribuent la «responsabilité de la désunion» à Mélenchon

Si les déclarations de Jean-Luc Mélenchon n’ont rien d’une grande surprise tant le leader insoumis se montre prêt depuis plusieurs semaines à concourir à une nouvelle élection présidentielle, elles valent clarification pour le secrétaire général du Parti socialiste, Pierre Jouvet. «Jean-Luc Mélenchon a décidé de briser l’union de la gauche, estime l’eurodéputé. Tout ce qu’il fait, tout ce qu’il construit, tout ce qu’il porte n’est là que pour préparer son destin personnel et présidentiel. Il porte la responsabilité de la désunion de la gauche.» Selon le proche d’Olivier Faure, l’ancien député des Bouches-du-Rhône veut tracer son chemin malgré les objectifs des écologistes et socialistes d’aboutir à une candidature unique pour la prochaine élection suprême. «Il sait que les conditions de nous essayons de construire pour une candidature unique ne lui sont pas favorables, donc il préfère désunir», ajoute-t-il.

Jean-Luc Mélenchon refuse pour l’instant de se déclarer officiellement candidat, si le président devait quitter son poste. «Je réfléchis. C’est un rôle très lourd. L’argument de ma notoriété n’est pas aussi important que la dernière fois, nos dirigeants ont fait énormément de progrès dans ce domaine aussi. Mais il y a des aspects excitants aussi, des circonstances exceptionnelles. Les conditions sont plus favorables à manier actuellement pour un changement politique de fond dans la société», a-t-il argumenté. Comme pour laisser la porte entrouverte.

Libération

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