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L’attribution du Mondial 2034 à l’Arabie Saoudite, la première de l’histoire du royaume, charrie son lot d’incertitudes et d’interrogations. Libé en soulève au moins trois qui se posent et se poseront de plus en plus, au monde du foot et au-delà.
Le sort des travailleurs migrants en question
Moins de deux ans après la pluie de critiques concernant le sort des travailleurs immigrés au Qatar, la même problématique se pose avec l’Arabie Saoudite : l’emploi de milliers de personnes venues d’autres pays, dans le cadre d’un système de travail par parrainage, la «kafala», qui lie les travailleurs à leurs employeurs, facilitant l’exploitation et les abus. Un documentaire diffusé début novembre par la chaîne britannique ITV indique qu’au moins 21 000 de ces travailleurs – essentiellement népalais, bangladais et indiens – sont morts sur les chantiers et plus de 100 000 sont portés disparus depuis le début du projet «Vision 2030» lancé par l’Arabie Saoudite en 2016.
Selon des données gouvernementales obtenues par Human Rights Watch, 884 Bangladais sont morts entre janvier et juillet 2024. «De nombreux décès de travailleurs migrants en Arabie Saoudite sont inexpliqués, ne font l’objet d’aucune enquête et ne sont pas indemnisés, laissant les familles des travailleurs immigrés morts sans soutien financier», est-il écrit dans le rapport. Quelques semaines avant le scrutin, plusieurs ONG ont aussi publié une salve de rapports effroyables. Le 10 novembre, Amnesty International a suggéré que la candidature saoudienne «devrait immédiatement être écartée afin que des abus et des morts qui semblent inéluctables soient évités».
D’autres inquiétudes portent sur les discriminations susceptibles de frapper certains supporteurs (comme les personnes LGBT ou les femmes). Quant à l’évaluation censément indépendante concernant les droits humains sur la candidature de l’Arabie Saoudite publiée par le cabinet d’avocats AS & H Clifford Chance, établi à Riyad, elle «ne contient aucune discussion substantielle sur les abus commis en Arabie Saoudite, documentés par plusieurs organisations de défense des droits humains et organes de l’ONU», dénoncent FairSquare, Equidem, Football Supporters Europe et le Gulf Centre for Human Rights.
Les aberrations écologiques
La candidature saoudienne promet d’être respectueuse des enjeux climatiques. Difficile de l’être lorsque les trois quarts des stades (8 parmi les 11 construits pour l’occasion) restent encore entièrement à sortir de terre. Les constructions d’enceintes sont ce qui pollue le plus lors d’un événement sportif, hors déplacements de supporteurs.
D’autant que ces stades seront climatisés, compte tenu des fortes craintes liées à la chaleur, dénoncées à la fois par les organismes écologiques et les syndicats de joueurs. Récemment, une étude parue dans Scientific Reports, une revue du groupe Nature, a pointé le risque de «stress thermique extrême» qui pourrait toucher les joueurs lors du Mondial 2026, où les températures pourraient parfois flirter avec les 50°C.
Un Mondial en janvier ?
Ces considérations météorologiques imposeront un calendrier sur-mesure. Pour l’heure, aucune date n’a été arrêtée. Compte tenu des températures estivales extrêmes sur le sol saoudien, il y a de fortes chances pour que la compétition se déroule en hiver, comme c’était le cas au Qatar. Or il faut aussi composer avec les impératifs religieux. Le créneau octobre-décembre qui faisait l’affaire en 2022, correspond, en 2034, aux dates du Ramadan. Une possibilité souvent avancée est de jouer la Coupe du monde entre le mois de janvier et la mi-février, juste avant la cérémonie d’ouverture des JO d’hiver de Salt Lake City. Un laps de temps qui a aussi le mérite de s’intercaler entre Noël et le Hajj, le pèlerinage à la Mecque. Mais la dizaine de jours de préparation des joueurs, en amont de la compétition, pourrait venir percuter les festivités de fin d’année, sans oublier quelques dates cruciales pour l’économie des championnats domestiques, comme le «Boxing Day» en Angleterre – où le lendemain de Noël est un jour férié et de matchs. Là aussi, les discussions promettent d’être houleuses.
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