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Ces derniers jours, porté par l’offensive rebelle et la chute de Bachar al-Assad, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) est partout. Pour la seule journée de mardi 10 décembre, l’ONG a été citée dans pas moins de 16 dépêches publiées par l’Agence France presse (AFP). Soit autant d’articles potentiellement repris par la quasi-totalité des médias français, dont Libération. Qu’il s’agisse de frappes israéliennes sur des sites militaires syriens, d’une estimation du nombre de morts depuis 2011 dans les prisons syriennes ou d’exécutions de soldats du régime en fuite, l’OSDH est systématiquement cité. Et sa fiabilité n’est jamais remise en question.
L’organisation a été créée au Royaume-Uni, en 2006, par Rami Abdel Rahmane, de son vrai nom Oussama Ali Souleiman. Cet homme, aujourd’hui âgé d’une cinquantaine d’années, est né en Syrie. Il a fui le pays en 2000 après avoir fait plusieurs courts séjours en prison, d’après un article du Monde en 2013, dus à ses «sympathies de gauche et ses liens avec Amnesty International, à qui il transmettait des informations».
A l’origine, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme a été fondé dans le but de «protéger ceux qui étaient injustement persécutés en tant que prisonniers politiques», explique l’ONG sur son site internet. Mais avec le temps, et surtout depuis la révolution syrienne en 2011, elle a pris un rôle d’agence de presse rapportant l’évolution de la situation sur le terrain et faisant des rapports chiffrés presque quotidiens sur les morts, tant chez les civils et les rebelles que dans les forces du régime de Bachar al-Assad.
Un réseau fiable mais opaque
L’OSDH «a pris l’initiative d’utiliser son réseau unique de sources pour surveiller, documenter et publier des informations provenant de l’intérieur de la Syrie, attirant ainsi l’attention du monde entier sur les violations des droits de l’homme dans le pays […], devenant ainsi l’une des sources d’information sur la Syrie les plus fiables au monde», se vante l’ONG sur son site internet.
«Avec le recul, on peut en effet reconnaître que les formations transmises par l’Observatoire syrien des droits de l’homme sont relativement fiables, appuie auprès de Libé David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques, spécialiste du Moyen-Orient. Ce qui est impressionnant, c’est leur suivi. Leurs rapports ne sont pas mensuels ou hebdomadaires, mais quotidiens. Ils transmettent parfois des informations plusieurs fois par jour. Et a posteriori, elles sont plutôt confirmées.» A partir du mercredi 27 novembre, l’OSDH a par exemple chroniqué en direct l’avancée des rebelles, faisant par moments un point plusieurs fois par heure sur leur progression, ville par ville, village par village, quartier par quartier.
Le «Libé» des Syriens
Difficile cependant de savoir avec précision comment l’ONG arrive à réunir autant d’informations en si peu de temps. L’OSDH, qui n’a pas répondu à nos sollicitations, reste particulièrement flou à ce sujet, parlant simplement d’un réseau de «centaines de militants» sur lequel il s’appuie. Les informations remonteraient ensuite jusqu’à Rami Abdel Rahmane et un petit cercle autour de lui. Le fondateur de l’OSDH expliquait au début de la révolution au Point que les militants échangeaient avec lui par internet ou par téléphone et ne se connaissaient pas entre eux pour «éviter le risque de fuite en cas d’arrestation».
Ce manque de transparence lui a valu des critiques, notamment de la part de Wladimir Glasman, ancien diplomate qui a officié en Syrie, dans un long article publié en 2014 sous pseudo sur le blog du Monde. Rami Abdel Rahmane s’en était défendu dans Libé en 2016 : «Nos méthodes rigoureuses s’appuient sur le recoupement des sources de terrain, et nous faisons confirmer les chiffres par trois sources, au moins, avant de les publier.»
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