Reportage
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Après plus d’une décennie de guerre, les habitants des anciennes poches rebelles qui ceinturent la capitale redécouvrent un quartier fantomatique, vidé de sa population pendant sept ans, où tout a été détruit.
Il suffit de quelques minutes depuis le quartier des Abbassides pour la voir se dessiner. La Ghouta orientale et ses quartiers, un enchevêtrement de décombres au nord-est de la capitale. A sa porte, Jobar n’a plus rien de la banlieue populaire damascène qu’elle était. Plutôt d’un membre fantôme, une carcasse urbaine où plus une maison n’est habitable, où les immeubles penchent encore quand ils ne sont pas déjà couchés. «Je connais chaque centimètre de ce quartier ! se vante Abou Zakaria, un chrétien à la moustache grise et bien taillé. On y vivait comme des frères.» Passant à petit pas dans la rue enveloppée d’une poussière stagnante, il cherche à reconnaître la maison qu’il a quittée il y a un peu plus de sept ans.
Lors de son départ, le quartier était l’un des derniers bastions de rebelles, qualifiés de «terroristes» par le régime de Bachar al-Assad. Pilonné par l’aviation du régime de Bachar al-Assad, il a été repris aux combattants de l’opposition en 2018. C’est ici également que le régime avait tiré du gaz sarin en avril 2013. «Entre nous, qui sont les terroristes ? dit-il de sa voix éraillée. Qui sont ceux qui ont détruit ce quartier ? Regardez ce qu’ont fait les soldats de nos maisons. Dans toute cette rue, ils ont détruit les escaliers qui mènent au premier étage pour empêcher les habitants de revenir chez eux. C’est de la cruauté !» C’est la première fois qu’il foule le sol de Jobar, où il a vécu t
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