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Une première audience est fixée au 10 juillet 2025. Jeudi 12 décembre, le parquet de Paris a annoncé un coup de filet dans l’affaire du cyberharcèlement transphobe de Brigitte Macron. L’enquête, qui fait suite à une plainte déposée par la première dame le 27 août dernier, portait sur des faits de cyberharcèlement et de provocation à commettre une infraction. Elle avait été confiée par le pôle national de lutte contre la haine en ligne à la brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP) et avait permis de mettre au jour «de nombreux propos malveillants portant sur le genre, la sexualité de Brigitte Macron ainsi que la différence d’âge avec son conjoint, selon un angle l’assimilant à la pédophilie», a précisé le parquet.
Une annonce qui fait suite à la mention de plusieurs gardes à vue dans la sphère complotiste, relayées la veille et plus tôt dans la journée sur les réseaux sociaux. Ainsi, avant que le parquet de Paris ne communique, l’avocat Juan Branco affirme sur X, le 11 décembre en fin de matinée, qu’Aurélien Poirson-Atlan, «le créateur de Zoé Sagan», «est privé de sa liberté depuis hier à Arles, sur instruction et ordre de Paris. La loi Schiappa contre le “cyberharcèlement”, promue au nom des personnes fragiles, est une nouvelle fois utilisée par le pouvoir pour enfermer quelqu’un.» Un peu plus tard, un certain Bertrand Scholler, figure complotiste décrite par Politis comme «marchand d’art, ingénieur de formation», qui se fait très régulièrement le relais de la propagande du Kremlin sur son compte X comptabilisant près de 100 000 abonnés, publie un tweet dans lequel il affirme : «Je sors à peine de deux jours de garde à vue… J’en dirai plus d’ici ce week-end. Nous sommes trente en France à avoir été dans le même filet.»
Habitué des sphères conspirationnistes
Celui qui, sur YouTube, «propose un large tour d’horizon de ses croyances conspirationnistes concernant l’Homme sur la Lune, l’assassinat de JFK, les attentats du 11 septembre […]» selon le site Conspiracy Watch, reprend cette information dans un autre texte, le lendemain, où il indique en outre que «la date du procès est déjà fixée et qu’il se déroulera sur deux jours». Et d’évoquer le nombre de trente personnes concernées : «Il y avait au moins un autre “accusé” dans une cellule proche de la mienne, et un autre à Arles (Aurélien/Zoé). Mais je sais (et comme la liste des noms sera publique avec le procès) que nous serions trente en France…»
Sachez que la date du procès est déjà fixée,
et qu’il se déroulera sur deux jours.J’en dirai plus prochainement.
Mais une garde à vue prolongée, après avoir été sorti du lit par trois officiers de la police judiciaire à 6 h du matin (ce sont les faits : 3 et 6), est-ce… pic.twitter.com/nnbfZq1ryl
— Bertrand SCHOLLER (@55Bellechasse) December 12, 2024
Cet élément est repris par un compte intitulé «Laura Py», qui se présente comme une intelligence artificielle proche de «Zoé Sagan». Cet autre personnage habitué des sphères conspirationnistes, pseudonyme d’Aurélien Poirson-Atlan, est surtout connu pour être l’un des premiers comptes à avoir diffusé le lien de l’affaire Griveaux.
Le 11 décembre en fin de journée, un compte intitulé «JLM» a également indiqué : «Je fais partie des 30. Nous allons être convoqués au tribunal, aussi, il serait intéressant de se concerter pour organiser notre défense.» Dans sa bio sur X, ce compte, qui ne compte que 2 400 abonnés, se présente simplement comme «complotiste». Son compte X, sur lequel il publie massivement, contient des publications racistes, en faveur du «Frexit» notamment. Il se fait aussi le relais de propos complotistes autour des vaccins contre le Covid-19. Au cours des derniers mois, on retrouve également de très nombreuses publications mentionnant «Jean-Mi», ou «Jean-Michel», en référence à Jean-Michel Trogneux, frère de Brigitte Macron, dont les complotistes assurent qu’il s’agit de son nom de naissance. En date du 8 décembre, on retrouve au moins une publication transphobe à l’encontre de Brigitte Macron. Celle-ci est toujours en ligne.
Enfin, le 12 décembre dans l’après-midi, l’avocat Juan Branco, qui défend Aurélien Poirson-Atlan («Zoé Sagan»), a lui aussi indiqué que «trente Français» ont été arrêtés «sur le fondement de la loi Schiappa».
Seulement quatre personnes interpellées
Sollicités, Bertrand Scholler, «JLM» et Juan Branco n’ont pas étayé le nombre des trente gardés à vue. Néanmoins, en commentaire, «JLM» indiquait ne pas connaître les autres mis en cause : «Le problème est que je ne connais pas mes compagnons de misère. Je vais passer par NOS médias pour qu’ils lancent un appel. Nous devons nous regrouper et travailler à notre défense ensemble.» De son côté, le compte «Laura Py» a indiqué à CheckNews se fonder sur les publications sur les réseaux sociaux de Bertrand Scholler, «JLM» et Juan Branco afin d’indiquer que trente personnes étaient concernées par l’affaire.
De fait, ce chiffre ne colle pas avec les annonces du parquet de Paris, qui a détaillé l’interpellation, le 10 décembre dernier, de quatre hommes – et uniquement quatre. Outre Bertrand Scholler, Aurélien Poirson-Atlan et Jean-Luc M., qui ont communiqué sur leur garde à vue, le parquet a expliqué qu’un certain Jean-Christophe D., né en 1971 dans l’Orne, demeurant en Seine-et-Marne, était également concerné. A ce stade, CheckNews n’est pas parvenu à retrouver son identité numérique.
Interrogé sur le nombre total d’interpellations puis de convocations au tribunal, le parquet de Paris se montre formel : quatre gardes à vue uniquement ont eu lieu sur ce volet. Et ce sont ces mêmes individus qui sont cités à comparaître l’année prochaine. A noter que ce n’est pas le premier procès à venir pour ces mêmes faits. En septembre dernier, deux femmes ont déjà été condamnées pour diffamation à l’égard de Brigitte Macron. Amandine Roy et Natacha Rey, à l’origine de la rumeur en 2021, ont été condamnées à une amende de 500 euros avec sursis, 8 000 euros de dommages et intérêts à Brigitte Macron et 5 000 euros à son frère Jean-Michel Trogneux.
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