Michel del Castillo, écrivain franco-espagnol, est mort

Ecrivain français dont l’ascendance espagnole s’avéra déterminante, Michel del Castillo est mort à Sens, dans l’Yonne, mardi 17 décembre, à l’âge de 91 ans.
Doté d’une mémoire prodigieuse qui alimenta aussi bien ses romans – où l’Espagne, les figures paternelle comme maternelle sont omniprésentes –, que ses essais – nourris d’une profonde méditation sur toutes les formes d’art et le rôle de l’artiste –, l’homme ne concède rien à sa trajectoire propre, répétant à l’envi : « Je n’ai pas d’autre biographie que les livres, ceux qui m’ont fait et ceux que j’ai faits. »
Celui qui se veut « un enfant des mots » a ainsi choisi sa filiation en se réclamant de Dostoïevski – et il reconnaîtra sa dette dans un essai capital, Mon frère l’Idiot : « Je suis, Fedor, l’une de tes créatures. J’ai commencé par être un de ces enfants stupéfaits qui hantent tes livres. » Aussi Michel del Castillo est-il « né » à l’Asilo Duran, dans un sinistre centre de redressement barcelonais pour mineurs, quand l’adolescent lit Récits de la Maison des morts. Son premier roman, Tanguy (Julliard, 1957), fait le récit de ces années de calvaire.
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Tanguy, de Michel del Castillo Un camp très Ordinaire, de Micheline Maurel
L’enfance de Michel Janicot del Castillo est abominable. S’il naît le 2 août 1933 à Madrid, où son père Michel Janicot travaille au bureau du Crédit lyonnais, il y reste seul avec sa mère Candida-Victoria-Isabel del Castillo quand la situation de la jeune République devient fragile. Installé à Clermont-Ferrand, cadre commercial chez Michelin, le père revient inopinément chercher les siens et constate que sa femme a renoué avec un ancien amant. Il repart seul.
Fortement impliquée dans le parti républicain espagnol, l’Andalouse Candida est emprisonnée en 1936, au début de la guerre civile. L’enfant souffre de malnutrition, tombe malade. Finalement à la veille de la victoire des franquistes, il s’enfuit vers Valence avec sa mère condamnée à mort, puis vers France.
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