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Témoignages
Selon une récente étude Ifop, 16 % des Françaises et des Français déclarent passer les fêtes seuls, une proportion qui double chez les mères à la tête de familles monoparentales. «Libé» donne la parole à plusieurs personnes qui subissent, bon gré mal gré, cette situation.
«On a tous envie d’une famille, de cadeaux et d’un joli réveillon», lâche Margaux, 29 ans, une pointe d’amertume dans la voix. Factrice dans les Deux-Sèvres, elle passera la soirée du 24 décembre seule pour la première fois cette année. Elle n’aura pas droit aux cadeaux sous le sapin, aux petits fours vite dévorés par les neveux et nièces, aux rires et aux débats houleux autour de la table. Cette soirée, traditionnellement associée à la joie et au partage, peut être une véritable épreuve, source de stress et d’angoisse pour beaucoup. Il y a deux jours, les larmes ont submergé la jeune femme. Sa famille lui a tourné le dos après qu’elle a dénoncé les violences de son père – y compris son fiancé, qu’elle devait épouser le 21 décembre. Au téléphone, elle pronostique : «Je sais que je serai aussi seule aux prochaines fêtes de Noël.»
Comme Margaux, 16 % des Françaises et Français prévoient de passer les fêtes de Noël seuls cette année, selon une étude Ifop pour l’association Dons solidaires publiée le 2 décembre. Pour le directeur de l’étude François Legrand, «les solidarités traditionnelles s’effritent, on a de plus en plus de familles isolées, mais pas de logique de solidarité». Autre enseignement de l’enquête : les mères célibataires à la tête de familles monoparentales sont deux fois plus nombreuses à prévoir de passer Noël seules (32 %). «Il y a un risque de voir s’installer une société à plusieurs vitesses, où les fêtes de fin d’année deviendraient un marqueur supplémentaire de distinction sociale», poursuit François Legrand.
Groupes d’entraide sur les réseaux sociaux
Pour Jacques, 54 ans, la fin du mois de décembre a toujours été synonyme de solitude. Dès son plus jeune âge, son père et sa sœur décèdent dans un accident d’avion. Il se retrouve alors seul avec sa mère pour les fêtes. «Un arrêt cardiaque l’a emporté il y a quelques années, je n’ai plus personne maintenant», explique le plongeur dans un restaurant du Nord. Pour lui, le réveillon «est une soirée comme une autre, c’est devenu une habitude».
A quelques kilomètres de là, Laurent, 47 ans, aimerait voir les choses de la même manière. Cette année, comme les cinq précédentes, il passera le soir du 24 décembre avec son chat. Ses filles, en garde alternée, ont choisi de le fêter chez son ex-femme. Ses parents passent la soirée à l’autre bout de la France. Pour cet infographiste, le plus difficile, «c’est d’entendre le bonheur des gens» : «Quand on est seul, on entend des ambiances, on entend les voisins qui reçoivent, les sonnettes des maisons.» Ce mardi 24 décembre au soir, Laurent, Margaux et Jacques iront se coucher tôt. Pour éviter les bruits indésirables, ou simplement pour glisser rapidement dans un autre jour.
Parmi ces personnes isolées, certaines se retrouvent dans des groupes d’entraide sur les réseaux sociaux pour éviter de passer les fêtes seules. Les petites annonces se multiplient à l’approche de la date fatidique. Comme dans ce groupe Facebook : «Seul(e) pour Noël ou pas !» Parmi ces petits mots, une «mamie, 70 ans, seule, non fumeuse» disponible «sur Périgueux, Dordogne, pour les fêtes». Ou cet habitant de Seine-Maritime qui indique être «seul pour une partie des fêtes» et précise : «Je travaille de nuit à Noël pour atténuer la solitude.» Plus loin, une Dijonnaise écrit simplement «seule pour Noël». Et un Normand de demander : «Bonjour y a-t-il des personnes seules le 24 décembre dans le Calvados ?»
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