Les mémoires d’Eva Joly, l’éprise de justice

La magistrate franco-norvégienne, ancienne députée européenne et candidate écologiste à la présidentielle, publie ses mémoires.

«En Norvège pour désigner celui ou celle qui survécu à une épreuve hors norme, nous disons qu’il ou elle a passé une nuit d’hiver dehors», écrit Eva Joly pour expliquer le titre de ses Mémoires. De fait, la juge anticorruption, députée européenne, candidate écologiste à la présidentielle, diplomate et avocate, a passé quelques décennies éprouvantes, la France n’ayant pas été toujours hospitalière vis-à-vis de cette grande dame franco-norvégienne.

Ces mémoires se lisent comme un roman policier. Il y a en outre mort d’homme. La célèbre affaire Elf qu’elle a instruite a‚ dit-elle très digne, brûlé ses forces, son idéal politique, son couple (son mari, médecin généraliste, s’est suicidé en février 2001, s’étant laissé engloutir par le stress qui a étouffé la famille ces années-là). On apprend des détails passionnants sur le fonctionnement quasi clanique des nantis français qui ne s’attendaient pas à une personnalité de cette ténacité. «Ma vie privée en apnée, je ne vivais plus que pour le travail et ces années m’ont marquée au fer rouge», écrit Eva Joly, arrivée à 18 ans comme jeune fille au pair chez de grands bourgeois catholiques, emblématiques de la rive gauche. Elle-même venait d’u