Présidentielle américaine 2024 : une campagne au rythme de la musique pour Kamala Harris et Donald Trump

Un rap à la gloire de la vice-présidente démocrate, une salsa cubaine en l’honneur de l’ancien président républicain, des miaulements de chats à la sauce électro : militantes ou parodiques, les chansons s’invitent dans la course à la Maison-Blanche.

Inscrivez-vous ici pour recevoir gratuitement toutes les semaines notre newsletter Libé America.

Le 20 septembre, Donald Trump plastronnait : «Une chanson sur moi est numéro 1 dans les hit-parades, quel honneur inattendu !» C’était un peu exagéré : Fighter, que lui a consacré Jon Kahn après l’attentat du 13 juillet en Pennsylvanie, a été brièvement en tête des écoutes sur iTunes, mais pas sur les autres plateformes de streaming.

Comme à chaque campagne électorale, des artistes publient des chansons en l’honneur de leur candidat préféré. Cette année, on est pourtant loin de l’avalanche d’hymnes militants en soutien à Barack Obama, du Yes We Can de will.i.am au Black President de NAS en passant par Stevie Wonder (Keep Moving Forward) et Common (Changes). En 2024, aucune méga vedette ne se mouille pour l’un ou l’autre camp. Reste une poignée de chansons de propagande, où l’humour se dispute à la maladresse des amateurs. Petit florilège non exhaustif.

Jon Kahn, Fighter

Cette chanson, écrite à l’origine avant le premier attentat contre l’ex-président, brosse le portrait – avec un clip en noir et blanc pour le côté dramatique – d’un homme qui se bat contre les injustices dont il fait l’objet (sérieusement ?) : deux tentatives d’impeachment, des poursuites judiciaires à répétition, et bien sûr son exil forcé de Twitter (maintenant X). Etonnamment – ou pas –, Kahn affirme l’avoir composée en seulement une heure et demie. Un record de rapidité, ou plutôt un reflet de la simplicité du message : «I will stand up again and again, I am a fighter, no matter what they say» («Je me lèverai encore et encore, je suis un battant, peu importe ce qu’ils disent»).

Los 3 de La Habana, Vote for Trump 2024

Célèbres à Cuba avant de prendre le chemin de l’exil en 2008, «les Trois de La Havane» avaient déjà apporté leur soutien musical à Donald Trump en 2020. Ils reprennent cette année leur refrain «I vote for Trump», qui reflète le choix de la grande majorité des Cubano-Américains de Floride, persuadés que seule la politique des républicains peut mettre fin à la dictature du Parti communiste cubain. Une vidéo tournée en janvier montre le groupe animer une soirée dans le saint des saints : la propriété de Trump à Mar-a-Lago. Au bord de la piscine, coupe de champagne à la main, des couples en smoking et robe du soir dansent la salsa. Seul manque le proprio : quel dommage.

Burden, F Kamala

«You can’t fix the problem when you are the problem» («Tu ne peux pas régler le problème quand tu es le problème») : les punchlines ne manquent pas dans ce rap explosif. Burden, qui s’est fait une réputation avec ses hymnes antisystèmes, ne fait pas dans la demi-mesure. Après son virulent F Biden 2, qui cumule aujourd’hui plus de 6 millions de vues sur YouTube, il poursuit sa croisade contre les démocrates avec des attaques directes sur la politique d’immigration et de sécurité nationale. Un tube pour ceux qui aiment leurs opinions servies bien corsées – visiblement, les Etats-Unis en regorgent.

Nick Offerman, Proud to be a Kamala Man

«Yes, Trump’s a F*CKIN D*CK.» Dans une introduction qui sonne presque comme une conversion religieuse, Nick Offerman, connu pour son rôle de Ron Swanson dans la série Parks and Recreation, et ancien électeur républicain, nous explique ce qui l’a poussé à devenir un «Kamala Man» et à se rendre compte «des qualités merdiques et inéligibles du ticket du Grand Old Party». Offerman décrit Trump comme «l’aspirant de Poutine» alors qu’il chantonne qu’il voudrait «s’ouvrir une bière» avec le «futur vice-président» Tim Walz.

Marsh Family, Gimme Hope Kamala

La campagne, la Marsh Family la connaît bien : elle vit dans le Kent, verdoyant comté du sud de l’Angleterre. Célèbre pour ses parodies de chansons devenues virales, le clan a choisi son camp pour l’élection présidentielle américaine. Leur reprise de l’iconique Gimme Hope Jo’anna d’Eddy Grant, hymne anti-apartheid de 1988, devient un chant d’espoir pour Kamala Harris. La famille anglaise (les parents et quatre enfants), qui met souvent en avant ses valeurs progressistes, célèbre l’actuelle vice-présidente comme un modèle pour les jeunes femmes à travers le monde. La chanson s’écoute avec le sourire, tout en imaginant la Maison Blanche dirigée pour la première fois par une femme.

Rita Brent, Kamala (Remix)

«Yes we Kam and we will !» écrit l’artiste sur son compte Instagram pour annoncer la sortie de Kamala (Remix) sur toutes les plateformes. Rita Brent, humoriste et écrivaine américaine, coiffe sa casquette de musicienne afin d’apporter son soutien à sa «sister» Kamala Harris. Brent propose un son qui se fond dans les codes du rap US et défend la candidate démocrate bec et ongles : «Je suis sûre à 1 000 % qu’elle vaut le coup. Formidable, inoubliable […] Kamala rendra l’Amérique grande.»

The Kiffness, Eating the Cats ft. Donald Trump (Debate Remix)

Si vous cherchez le titre le plus improbable de la playlist, le voici. Le producteur sud-africain The Kiffness, connu pour ses remixes viraux d’animaux et de mèmes, propose un morceau électro pour détourner les propos de Donald Trump sur la communauté haïtienne lors du seul débat télévisé face à Joe Biden. Une façon de rendre encore plus absurdes les affabulations de l’ancien président ? Ou simplement un interlude pour se rappeler que, même au milieu de la campagne présidentielle américaine, les chats restent les maîtres incontestés des réseaux sociaux (miaou) – le clip cumule 11 millions de vues sur YouTube.