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Revirement
Ousmane Sonko a confirmé ce vendredi 27 décembre dans son discours de politique générale ce que son gouvernement avait déjà promis, à savoir qu’il compte enquêter sur les trois années de violences politiques qui ont secoué le pays sous la présidence de Macky Sall.
Le Premier ministre malien, Ousmane Sonko, a annoncé ce vendredi 27 décembre que son gouvernement déposerait un projet pour abroger la loi d’amnistie de l’ex-président Macky Sall couvrant les faits relatifs de violences politiques entre 2021 et 2024 qui avaient fait des dizaines de morts. «En plus de l’inscription budgétaire de crédit destiné aux victimes, il sera proposé à votre auguste Assemblée dans les semaines à venir un projet de loi rapportant la loi d’amnistie votée le 6 mars 2024 pour que toute la lumière soit faite et les responsabilités établies de quelque bord qu’elles se situent», a déclaré Ousmane Sonko lors de son discours de politique générale devant les députés. Il a néanmoins voulu rassurer : «Il ne s’agit pas d’une chasse aux sorcières, encore moins de vengeance […]. Il s’agit de justice, pilier sans lequel aucune paix sociale ne peut être bâtie.»
Le gouvernement avait déjà promis de faire toute la lumière sur ces événements. Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a été élu fin mars au terme de trois ans de confrontation avec le pouvoir du président Macky Sall (2012-2024) qui a fait des dizaines de morts, selon des ONG et l’opposition d’alors. Elu en 2012 et réélu en 2019, Macky Sall avait entretenu en 2024 le flou sur sa volonté de briguer un troisième mandat. L’hypothèse de sa candidature avait rencontré une forte opposition au nom du respect de la Constitution sénégalaise. Une loi d’amnistie à l’initiative de Macky Sall avait été votée avant le scrutin pour décrisper la situation et avait permis de faire sortir de prison des centaines de personnes écrouées, dont le président Faye et le Premier ministre Sonko.
Promesse de changement systémique
Consacré par la Constitution et inscrite dans la tradition républicaine du Sénégal depuis son indépendance (1960), le discours de politique général d’Ousmane Sonko intervient neuf mois après sa nomination à la tête du gouvernement après plusieurs reports. Le bouillant Premier ministre avait refusé de se présenter en juin devant le Parlement dominé à l’époque par un camp qui lui était hostile. Il invoquait des irrégularités dans le règlement intérieur de l’Assemblée nationale, ce qui avait donné lieu à plusieurs semaines de bras de fer entre l’exécutif et le pouvoir législatif.
Le «Libé des animaux»
Un nouveau report avait eu lieu mi-septembre après la dissolution du Parlement par le président Faye. Les élections législatives anticipées organisées le 17 novembre avaient été largement remportées par le parti de Faye et Sonko, qui ont désormais la majorité nécessaire pour appliquer leur programme de rupture. Les nouvelles autorités ont depuis présenté mi-octobre un plan de développement pour les cinq prochaines années inscrit dans une stratégie à vingt-cinq ans. Cette dernière est censée rompre avec ce qu’Ousmane Sonko a appelé «le cercle vicieux de [la] dépendance et du sous-développement», et tenir la promesse de changement systémique. Sonko avait indiqué fin septembre avoir trouvé les comptes du Sénégal dans un état «catastrophique», avec un déficit budgétaire de 10,4 % du PIB et une dette publique à 76,3 % du PIB. L’indice de développement humain du pays est parmi les 25 plus faibles au monde.
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