«Au bout du compte, il y aura une société a-raciale» – Libération

C’est le genre de sujet qui suscite rarement de l’optimisme. Violences policières, discrimination à l’embauche, naufrages de migrants en Méditerranée ou dans la Manche rythment l’actualité et confirment que le racisme est systémique et omniprésent. L’anthropologue Michel Agier, qui a beaucoup travaillé ces dernières années sur l’exil et les camps de réfugiés ou de déplacés, ne dit pas autre chose. Mais il ne dit pas que cela.

Dans Racisme et culture. Explorations transnationales (Seuil, 2025), il revient sur une quarantaine d’années passées à observer des artistes non blancs créer, dans les carnavals ou les théâtres, des performances antiracistes. Dans leurs prises de parole, qui surgissent tout à coup dans l’espace public, ces personnes revendiquent le pouvoir de mettre librement des mots sur leur identité, indépendamment d’un regard blanc encore porteur d’une «infrapensée raciste», pour reprendre les termes d’Agier. Il en ressort des gestes un peu provocateurs, permis par le contexte artistique, comme lorsqu’un groupe du carnaval de Salvador de Bahia (Brésil) annonce contrôler la couleur de peau des participants pour exclure les personnes à la peau trop claire. Mais surtout, ces créateurs créent et racontent des dizaines de récits qui expliquent ce que c’est pour eux qu’être noir, en se référant à une Afrique fantasmée dont les figures historiques et culturelles sont perpétuellement réinventées. Agier analyse ces interventions culturelles au prisme de grands p

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