«L’Amérique fortifiée et désinhibée de Trump va s’attaquer à tous les principes auxquels tiennent les Européens»

Pour Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique et auteur de l’Atlas des frontières (Les Arènes, 2024), les Etats européens semblent prêts à faire des concessions à Donald Trump afin de l’apaiser. La pire des stratégies, selon lui, puisqu’on ne négocie pas avec un «prédateur» en lui montrant sa faiblesse.

Si les Européens ont réussi à rester unis face à la Russie depuis 2022, en sera-t-il de même à l’égard des Etats-Unis du couple Donald Trump-Elon Musk ?

Ça sera beaucoup plus difficile. D’abord, parce que les relations bilatérales des Etats membres de l’Union avec Washington sont plus diverses et plus nourries qu’elles ne le sont avec Moscou. Le précédent du premier mandat de Donald Trump n’incite d’ailleurs pas à l’optimisme puisque chacun a couru à Washington en espérant obtenir le meilleur accord possible avec le nouveau président. Ensuite, parce que les Etats-Unis disposent de leviers beaucoup plus importants et plus nombreux avec les pays européens pris individuellement que ce n’était le cas avec la Russie. Et enfin parce que la Russie est considérée, a minima, comme un problème stratégique, si ce n’est une menace militaire directe, par la grande majorité des pays européens.

Ce chacun pour soi est-il la bonne stratégie ?

Il y a deux choses à mon avis qu’il ne faut pas faire avec Trump : privilégier le bilatéral sur le multilatéral et apaiser le crocodile en le nourrissant pour qu’il ne vous dévore pas. Or c’e

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