En Afghanistan, le gouvernement taliban interdit les images d’êtres vivants dans les médias

Главная страница » En Afghanistan, le gouvernement taliban interdit les images d’êtres vivants dans les médias

Répression

Les autorités talibanes ont annoncé ce lundi 14 octobre l’entrée en vigueur de la loi destinée à «promouvoir la vertu et prévenir le vice», interdisant notamment aux médias de publier des images d’êtres vivants car contraires à la loi islamique.

Plus de trois ans après le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan, les espaces d’expression ne cessent de se réduire. En juillet 2023, les autorités brûlaient des instruments de musique jugés «immoraux». En août dernier, les talibans interdisaient aux femmes de chanter, de se déplacer seules, ou encore de se parfumer. Et ce lundi, le gouvernement taliban a fait savoir qu’il comptait interdire aux médias de publier des images d’êtres vivants, arguant que celles-ci étaient contre la loi islamique.

«La loi s’applique dans tout l’Afghanistan […] et elle sera mise en œuvre progressivement», a déclaré Saiful Islam Khyber, porte-parole du ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice (PVPV), alors que les journalistes de plusieurs provinces ont déjà été avertis de l’application à venir de cette mesure. Plusieurs aspects de ce texte ne sont toutefois pas encore entrés en vigueur de manière stricte et les autorités talibanes continuent de publier régulièrement des photographies de personnes sur les réseaux sociaux.

«Jusqu’à présent, des efforts sont en cours dans de nombreuses provinces pour mettre en œuvre les articles de la loi relatifs aux médias, mais cela n’a pas commencé dans toutes les provinces», a déclaré Saiful Islam Khyber. Il a ajouté que «le travail avait commencé» dans le bastion taliban de Kandahar (sud), et dans les provinces de Helmand (sud-ouest) et de Takhar (nord-est). Dimanche, dans la province de Ghazni, au centre du pays, des responsables du PVPV ont également convoqué des journalistes locaux et leur ont annoncé que la police des mœurs commencerait à appliquer progressivement la loi. Ils ont conseillé aux journalistes reporters d’images de prendre des photos de plus loin et de moins filmer afin de «s’habituer», a déclaré à l’AFP un journaliste, qui n’a pas souhaité donner son nom par crainte de représailles.

A lire aussi

Une nouvelle menace pour la liberté de la presse

Durant l’été, les autorités talibanes avaient promulgué une loi de 35 articles pour «promouvoir la vertu et prévenir le vice» parmi la population, en conformité avec la charia – loi islamique – imposée par elles depuis leur retour au pouvoir en Afghanistan en 2021. Le texte contenait plusieurs mesures ciblant les médias d’information, notamment l’interdiction de publier des images d’êtres vivants, «des contenus hostiles à la charia et à la religion» ou qui «humilient les musulmans». Le texte édicte aussi des sanctions graduelles auxquelles s’exposent ceux qui ne respecteraient pas cette loi : avertissement verbal, menaces, amende, garde à vue allant d’une heure à trois jours. En cas de récidive, la justice pourrait être saisie.

La publication d’images d’êtres vivants dans les médias avait déjà été bannie à travers le pays lorsqu’il avait été dirigé par les autorités talibanes entre 1996 et 2001.Toutefois, aucun décret similaire n’avait encore été imposé à grande échelle depuis leur retour au pouvoir en 2021. Au retour des talibans, l’Afghanistan comptait 8 400 salariés dans les médias dont 1 700 femmes. Il n’en reste que 5 100 dont 560 femmes, selon des sources au sein de la profession. Des dizaines de médias ont par ailleurs été fermés et l’Afghanistan est passé en trois ans du 122e au 178e rang sur 180 au classement de l’ONG Reporters sans Frontières (RSF) pour la liberté de la presse.

Mise à jour : à 12 h 22, avec davantage de contexte

Libération

Post navigation

Leave a Comment

Schreibe einen Kommentar

Deine E-Mail-Adresse wird nicht veröffentlicht. Erforderliche Felder sind mit * markiert