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C’est un peu une phobie de spectateur : le thème du «non-dit» au cinéma. Associé à la question des violences sexuelles pour caractériser l’omerta et la fameuse chape de plomb, il ne donne souvent rien de très fécond sur le plan de la fiction, à moins d’opérations plus inventives que la moyenne. Ce n’est pas sorcier de comprendre pourquoi, puisque la gravité, la macération, la lourdeur (poids du secret oblige) qui caractérisent le sujet, ne sont pas des qualités follement recherchées dans une œuvre qui emporte, pas plus que la pudeur et la retenue ne suffisent à la faire décoller.
Face à Shimoni, premier film d’une jeune réalisatrice kényane qui en veut, on est donc en recherche de la rupture de ton, du dialogue ou du personnage qui nous évaderaient du manuel de scénario et de mise en scène en usage. La mule est chargée car notre protagoniste d’une trentaine d’années, Geoffrey, n’est pas seulement rescapé de violences pédocriminelles dans le village d’enfance où il est contraint de retourner vivre, lui qui avait cru refaire sa vie à Nairobi, loin de l’agresseur avec qui il retombe nez à nez. Il est aussi un criminel en réinsertion, ancien prof remis en liberté après avoir purgé sa peine pour le meurtre de sa femme enceinte, et bassement assigné aux travaux de ferme pour l’église locale. Du système d’écho organisé entre la culpabilité, la honte et la foi, sur fond de commérages de communauté rurale, le film tire un drame assez verrouillé, où règne une tension insistante.
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