Trump et Musk jour 1 : la casse du siècle

Rien de grave, donc. Des centaines d’insurgés condamnés pour leur participation à l’insurrection du 6 janvier 2021, pour beaucoup motivés par une haine idéologique raciste et violente, ont été graciés ; l‘armée mobilisée contre des migrants qui étaient jusqu’à maintenant protégés par la loi ; des accords internationaux sur le climat, le commerce international ou la coopération sanitaire en cas de pandémie dénoncés ; et l’homme le plus riche du monde, principal allié financier et idéologique du président des Etats-Unis, qui a fait sur scène un salut nazi, puis encore un pour bonne mesure.

Et tout ça en vingt-quatre heures.

Est-ce que l’on coche suffisamment de cases dans la fameuse conférence d’Umberto Eco, les 14 signes du fascisme ? Nos journalistes sur le terrain, et les experts que nous avons interviewés, n’en sont pas si sûrs. Emmanuel Macron avait déjà accusé Elon Musk de promouvoir une «internationale réactionnaire», et ce n’est pas le show hitlérien que celui-ci nous a offert en pleine investiture de son buddy Donald Trump qui pourra rassurer. Pas si vite, nous explique dans un long entretien l’historien américain Gary Gerstle, qui ne voit pas son pays sombrer dans une dictature hitlérienne mais plutôt dans un «autoritarisme soft», comme la Hongrie de Viktor Orbán ou comme plusieurs pays d’Amérique latine.

Reste que vu d’Europe, cette déferlante d’images d’un autre âge a une signification lourde de sens. Entre les déclarations messianiques de Donald Trump, expliquant que Dieu l’a sauvé de la mort en faisant échouer la tentative d’assassinat dont il a été la cible en juillet dernier, et les nombreux décrets qu’il a déjà signés avec la même conviction égocentrique, l’Amérique est entrée dans une nouvelle ère qui ressemble étrangement à des ères qu’elle avait contribué à faire oublier. Rien de grave, donc ?

Libération