Affaire Dany Leprince : une première décision de justice pour tenter de faire reconnaître son innocence rendue ce jeudi

Affaire Dany Leprince : une première décision de justice pour tenter de faire reconnaître son innocence rendue ce jeudi

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Celui qui était surnommé «le boucher de la Sarthe» a toujours clamé son innocence. Dany Leprince, aujourd’hui 67 ans, a été condamné en 1997 à la réclusion criminelle à perpétuité, avec 22 ans de sûreté, pour le quadruple meurtre à l’arme blanche de son frère, de sa belle-sœur et de deux de ses nièces (âgées de 6 et 10 ans) en septembre 1994, dans leur pavillon de Thorigné-sur-Dué (Sarthe). Ce jeudi 23 janvier, la commission d’instruction doit faire savoir si elle transmet ou non à la Cour de révision la requête déposée en mars 2021 par la défense de Dany Leprince. Une première étape pour faire reconnaître son innocence. La décision doit être rendue à 14 heures, en audience publique, à la Cour de cassation, à Paris.

Dany Leprince, accusé par sa femme Martine Compain – dont il est depuis divorcé – et sa fille aînée Célia, avait avoué lors de sa garde à vue avoir tué son frère cadet, sans évoquer les trois autres victimes. Il s’était rapidement rétracté, affirmant que ses aveux avaient été extorqués par les enquêteurs. Libre depuis sa libération conditionnelle en 2012 – il effectuera un bref retour en prison en 2016 pour non-respect de son assignation à résidence –, il a toujours clamé son innocence.

Ce jeudi 23 janvier, la commission d’instruction a trois options : elle peut ordonner un supplément d’information – si elle estime que des investigations complémentaires doivent être réalisées –, rejeter la requête ou, au contraire, la transmettre à la Cour de révision. Seule cette dernière, si elle est saisie, peut se prononcer sur l’annulation ou non de la condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité de Dany Leprince. Après le rejet de son pourvoi en cassation en 1999 – la possibilité de faire appel d’une condamnation par une cour d’assises n’est possible en France que depuis 2000 –, il avait déposé une première requête en révision en 2006. Mais en 2011, la Cour de révision avait refusé la tenue d’un nouveau procès.

De «sérieux doutes»

Dans le cadre de leur seconde requête, les avocats de Dany Leprince ont remis en octobre 2024 un mémoire de 200 pages à la commission d’instruction. Dans ce document, maîtres Olivier Morice et Missiva Chermak-Felonneau listent une vingtaine de «faits nouveaux et éléments inconnus de la juridiction de jugement de nature à établir son innocence ou à faire naître un doute sur sa culpabilité». Parmi ces éléments figurent notamment le rôle de l’ex-femme du «boucher de la Sarthe», Martine Compain, le soir des faits : sont évoqués sa personnalité et ses «multiples revirements». Le mémoire met également en avant les versions «remarquablement évolutives» de leur fille Célia et l’analyse des couteaux cités dans la procédure.

Les avocats s’appuient par ailleurs sur une lettre envoyée en avril 2024 à la commission d’instruction par Solène, 32 ans aujourd’hui, la seule rescapée des meurtres de Thorigné-sur-Dué. Elle indique avoir «de sérieux doutes quant à la culpabilité» de son oncle, «au regard des nombreuses incohérences» du dossier. Elle dit également souhaiter «ardemment qu’un nouveau procès puisse avoir lieu pour rechercher la vérité».

Les magistrats de la commission d’instruction ont examiné pendant trois heures à huis clos, le 12 décembre, la requête déposée au printemps 2021 par la défense de Dany Leprince. «Nous avons senti tout de même l’avocat général extrêmement vacillant sur les éléments que nous avons apportés», avait alors rapporté Me Morice. Et d’ajouter : «Nous avons une espérance, c’est que la justice puisse être rendue et que Dany Leprince puisse un jour être innocenté.» Mais les révisions de condamnations pénales restent rares en France : seules une dizaine de requêtes ont abouti depuis 1945 dans des affaires de meurtre ou de viol.

Selon le conseil de Dany Leprince, l’avocat général a requis d’«attendre» l’évolution de l’information judiciaire ouverte en 2014 au Mans après une plainte déposée par son père pour meurtre et complicité. Dans cette procédure, Martine Compain a été placée sous le statut plus favorable de témoin assistée par la juge d’instruction, mais le parquet réclame sa mise en examen.

Libération

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