Pourquoi des utilisateurs de Facebook ou Instagram ont-ils été abonnés, «contre leur gré», aux comptes de Donald Trump et J. D. Vance ? – Libération

Pourquoi des utilisateurs de Facebook ou Instagram ont-ils été abonnés, «contre leur gré», aux comptes de Donald Trump et J. D. Vance ? – Libération

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Question posée par Rose le 22 janvier 2025.

Après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche lundi 20 janvier, nombre d’utilisateurs de Facebook et Instagram ont découvert qu’ils étaient désormais abonnés au compte du 47e président des Etats-Unis et/ou, selon les cas, à celui de son vice-président, J. D. Vance. Et ce sans l’avoir voulu, ni en avoir été informés. «Je m’oppose absolument à ce que Meta ajoute Donald Trump et J. D. Vance à ma liste d’abonnements sur Facebook. WTF !» a réagi sur le réseau social X la politologue américaine Susan Platt, qui était cheffe de cabinet de Joe Biden lorsqu’il était sénateur. «La dernière mesure prise par Facebook sent le désespoir : obliger les utilisateurs à suivre Trump est une violation flagrante de l’indépendance de l’utilisateur. La complaisance de Zuckerberg à l’égard du pouvoir politique porte atteinte à l’essence même du libre choix sur les réseaux sociaux», commente aussi le compte «Distill Social». Sur Instagram, l’artiste américaine Demi Lovato a mis en ligne mardi 21 janvier une «story» (une publication éphémère), dans laquelle elle partage une capture d’écran du compte de J. D. Vance, et fustige : «Je me suis désabonnée de ce type deux fois aujourd’hui. Une put*** d’affaire louche Meta [le nom du groupe détenant Facebook et Instagram, ndlr].» Une autre star, Hailey Bieber, a été pointée du doigt car elle montrerait «son amour pour la présidence de Trump» en suivant le compte Instagram du vice-président.

Si ces abonnements non consentis paraissent si «louches», c’est qu’ils surviennent en plein chamboulement de l’alignement politique de Meta et de son dirigeant Mark Zuckerberg. Dans une vidéo publiée en début d’année, le PDG a annoncé qu’il mettait fin au programme de vérification des faits lancé par Facebook en 2016, au nom de «la priorité à l’expression». Face caméra, il expliquait que l’élection de Donald Trump en novembre a largement influencé sa décision. Dans la même prise de parole, Zuckerberg faisait aussi savoir que toutes les initiatives visant à favoriser la diversité dans son entreprise vont disparaître, conformément au projet de Trump de supprimer les programmes de diversité, d’équité et d’inclusion. En outre, le patron de Meta, après avoir donné un million de dollars au comité d’investiture de Trump, était assis aux premières loges lors de la cérémonie qui s’est tenue lundi. Autant d’éléments qui alimentent des soupçons de collusion entre les deux hommes.

Comptes archivés

Chez Libération aussi, plusieurs journalistes, ainsi que leurs proches, ont fait part d’abonnements involontaires. Dans la plupart des cas, ils suivaient le compte de J. D. Vance sur Instagram, dont le pseudo est «vp», pour «Vice President». Chaque fois, CheckNews leur a demandé de vérifier s’ils étaient par ailleurs abonnés au compte portant le pseudo «vp46archive», également nommé «Vice President Kamala Harris Archived». Et c’était le cas pour l’ensemble d’entre eux. Car l’explication est finalement plutôt simple : les abonnés de Kamala Haris, la vice-présidente «sortante», ont été dédoublés au profit de J. D. Vance, le vice-président «entrant».

Concrètement, un internaute français qui voulait suivre la campagne présidentielle de Kamala Harris il y a quelques mois avait alors pu s’abonner au compte «vp» de Kamala Harris, qui était suivi par plus de 17 millions de personnes avant l’investiture de Donald Trump. Avec l’arrivée de la nouvelle administration, ce compte a été archivé, avec toutes ses données, contenus et abonnés. D’où le pseudo «vp46archive», Kamala Harris ayant occupé ce poste sous la 46e présidence. Pour chroniquer ses activités, la démocrate conserve néanmoins son compte personnel, auquel sont abonnés près de 20 millions d’internautes. En parallèle, un nouveau compte «vp» a été créé au bénéfice de J. D. Vance, qui a pris ses fonctions au même moment que Donald Trump, et a hérité des 17 millions d’abonnés qui suivaient jusque-là l’ancienne vice-présidente.

La même procédure a été appliquée pour les ancien et nouveau comptes Facebook de la vice-présidence (VP46archive et VicePresident). Et tous les comptes de l’ancienne et la nouvelle administration sont en fait concernés. La dénomination «President Donald J. Trump» s’affiche sur les nouveaux comptes Instagram et Facebook dotés du pseudo «POTUS», l’acronyme désignant le President of the United States of America, tandis que les anciens comptes de Joe Biden se nomment désormais «Potus46archive». De leur côté, les collaborateurs de Melania Trump ont pris possession des comptes «FLOTUS», pour First Lady of the United States of America, et les comptes de l’ex-première dame Jill Biden sont devenus «Flotus46archive». Enfin, de nouveaux comptes «WhiteHouse» ont été créés pour partager les actualités de la Maison Blanche, en remplacement des anciens désormais intitulés «WhiteHouse46archive». Chaque fois, les comptes archivés ont conservé leurs abonnés, qui ont en plus été transférés, par défaut, vers les nouveaux comptes officiels. Un procédé tout à fait habituel aux Etats-Unis.

«Même procédure que la dernière transition présidentielle»

Toutes ces pages «sont gérées par la Maison Blanche et changent lorsque l’occupant de la Maison Blanche change», rappelait dès lundi soir le porte-parole de Meta, Andy Stone, sur les réseaux sociaux X et Threads (propriété de Meta). «Il s’agit de la même procédure que celle suivie au cours de la dernière transition présidentielle», a-t-il ajouté mercredi 22 janvier, toujours sur X et Threads. Un propos appuyé par Katie Harbath, l’ancienne directrice de la politique publique chez Facebook (entre 2011 et 2021), qui s’est exprimée sur les mêmes réseaux sociaux. «Mon équipe a mis en place les premières façons de procéder lorsque Trump a gagné [une première fois] en 2016, et nous avons dû déterminer comment transférer les premiers comptes officiels créés par l’équipe du président Obama. La même chose a été faite lors du transfert de Trump à Biden [après la victoire de ce dernier en 2020]», a-t-elle contextualisé lundi soir. Katie Harbath de détailler, sur son compte X : «Il a été décidé que le contenu de l’ancienne page serait archivé. Toutefois, les abonnés resteraient dans l’hypothèse où ils suivaient le compte en tant qu’institution, quelle que soit la personne occupant le poste […] Les internautes peuvent, bien sûr, se désabonner. Mais il s’agit là d’une procédure normale au regard de la vie politique.» L’hypothèse n’est toutefois pas prévue dans les conditions d’utilisation de ces réseaux sociaux (ici pour Facebook ; là pour Instagram), qui prévoient simplement que leurs utilisateurs se voient suggérer des comptes et pages «susceptibles de les intéresser».

Comme le souligne Katie Harbath, la question s’était initialement posée début 2017, au moment où Barack Obama, premier président «connecté», laissait les clés de la Maison Blanche à Donald Trump. Au cours de l’ère Obama, élu en 2008 puis réélu en 2012, son administration s’était dotée de comptes sur Facebook, puis sur Twitter, YouTube, et enfin Instagram. En amont de la première investiture de Trump, les médias américains avaient donc largement documenté la transition «numérique» entre le 44e et le 45e présidents américains. Business Insider écrivait alors : «Le 20 janvier, M. Trump prendra officiellement ses fonctions de président. Il prendra également officiellement en charge tous les comptes sur les réseaux sociaux. Avant cela, tous les messages de l’administration Obama seront archivés sur des comptes spéciaux créés par la National Archives and Records Administration. Par exemple, tous les tweets actuellement disponibles sur le compte Twitter @POTUS se trouveront ainsi sur @POTUS44 à partir du 20 janvier. Trump prendra le contrôle de @POTUS. Il conservera les 11 millions de followers.»

«Les demandes de désabonnement peuvent prendre un certain temps»

Pour reprendre le cas du compte «vp» sur Instagram, la toute première archive disponible (sur la plateforme Internet Archive) remonte à avril 2014, et le compte était géré par l’équipe de Joe Biden, alors vice-président d’Obama. Une version archivée courant 2017 permet d’attester que le compte avait bien été transféré à Mike Pence, le vice-président alors choisi par Donald Trump.

Reste une interrogation. Mardi, plusieurs utilisateurs d’Instagram (dont Demi Lovato à en croire sa story) avaient signalé que malgré leurs tentatives répétées, ils ne parvenaient pas à se désabonner du compte de J. D. Vance, nouveau vassal de Trump. Mercredi 22 janvier, cette fonctionnalité était, d’après les retours d’utilisateurs obtenus par CheckNews, normalement rétablie. Interrogé entre autres sur ce point, Meta se contente de nous renvoyer vers les publications de son porte-parole Andy Stone, où on lit que «les demandes de désabonnement peuvent prendre un certain temps avant d’être traitées lorsque les comptes changent de mains». En tout cas, parti avec les 17 millions d’abonnés de Kamala Harris, J. D. Vance n’en compte désormais «plus que» 15 millions, preuve que les désabonnements ont bien pris effet.

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