«Je n’ai jamais perdu espoir» : qui est Serge Atlaoui, le «prisonnier modèle», qui a passé 17 ans dans le couloir de la mort en Indonésie ?

«Je n’ai jamais perdu espoir» : qui est Serge Atlaoui, le «prisonnier modèle», qui a passé 17 ans dans le couloir de la mort en Indonésie ?

Главная страница » «Je n’ai jamais perdu espoir» : qui est Serge Atlaoui, le «prisonnier modèle», qui a passé 17 ans dans le couloir de la mort en Indonésie ?

Il a fait preuve de résilience et surtout de patience. Serge Atloui, 61 ans, vient de passer ses 19 dernières années dans une prison indonésienne après avoir été condamné à la peine capitale en 2007. Il doit désormais regagner la France, le 4 février, après un accord conclu ce vendredi 24 janvier entre Paris et Jakarta.

En 2005, alors âgé de 42 ans, l’artisan soudeur originaire de Metz, débarque près de Jakarta pour installer des machines industrielles dans ce qu’il croit être une usine d’acrylique. Confronté à des difficultés financières en France, il avait accepté une première fois ce job contre un salaire de 2 000 euros par semaine. «Quand je suis revenu [en Indonésie, ndlr], j’ai vu tous ces produits chimiques, ça m’a fait tiquer, je me suis dit qu’il y avait quelque chose de louche», racontait-il à l’AFP en 2015, ajoutant n’avoir «jamais perçu» l’argent promis.

Atlaoui répare le réseau d’eau et la charpente de sa prison

Le 11 novembre 2005, la police débarque, Atlaoui est arrêté. Il est alors accusé de possession de dizaines de kilos de méthamphétamine, de kétamine et autres substances servant à la production de drogue. Se basant sur la jurisprudence, il pense s’en tirer avec 15 ans de prison mais est condamné à la perpétuité pour trafic de drogue. En mai 2007, la Cour suprême aggrave la sentence : il doit être fusillé, comme huit autres membres du «réseau». Mais, Paris intensifiant la pression, les autorités indonésiennes acceptent de laisser un appel en suspens suivre son cours.

Droits humains

Après des années dans une prison de haute sécurité, dans l’«Alcatraz indonésien», au sud-est de Java, il est détenu dans un établissement pénitentiaire de Salemba, à Jakarta. De là, le Français, malade, se rend chaque semaine dans un hôpital pour y recevoir un traitement. «L’espoir, c’est la différence entre la vie et la mort», soulignait en 2015 Atlaoui, qui selon Raphaël Chenuil-Hazan, directeur général de l’association Ensemble contre la peine de mort (ECPM) qui le soutient depuis 2007, «n’a jamais perdu l’espoir […] car il pense d’abord à sa famille et aux autres». «Prisonnier modèle», c’est lui qui a rétabli le réseau d’eau dans sa prison et a également réparé la charpente, ajoute Chenuil-Hazan, qui lui a rendu visite pour la dernière fois en novembre 2023.

Père de quatre enfants et marié à Sabine, Serge Atlaoui «est assez exceptionnel, il a toujours fait preuve d’une résilience qui force le respect», abonde son avocat français Richard Sédillot.

Jakarta ouvre la voie

Jakarta avait ouvert la voie début novembre à de possibles rapatriements de prisonniers, indiquant être également en discussion avec les Philippines et l’Australie. Le 19 décembre dernier, l’espoir grandit après la transmission par Paris d’une demande officielle de transfèrement. Les négociations ont rapidement abouti pour la Philippine Mary Jane Veloso, également condamnée à mort, et rapatriée à Manille le 18 décembre. Les cinq derniers membres australiens d’un groupe qui en comptait neuf (le «Bali 9»), en prison depuis 19 ans pour trafic de drogue, ont eux regagné leur pays trois jours plus tôt.

Serge a été «extrêmement soulagé» du rapatriement de Mary Jane Veloso, explique Raphaël Chenuil-Hazan pour qui «il y a une sorte de destin croisé entre Serge et Mary Jane», mère de famille de 39 ans, condamnée à mort en 2010 pour trafic de drogue. Atlaoui et Veloso figuraient tous deux sur une liste de 10 détenus qui devaient passer devant le peloton d’exécution le même jour d’avril 2015. Huit furent exécutés mais les noms de Serge Atlaoui et Mary Jean Veloso furent retirés de la liste au dernier moment.

Un média australien avait indiqué en 2015 que l’ex-général Prabowo Subianto, alors dans l’opposition, avait demandé au président de l’époque Joko Widodo, surnommé «Jokowi» de surseoir aux exécutions d’étrangers, dont celle de Serge Atlaoui : mettant un éventuel soutien politique dans la balance, Prabowo exhortait Jokowi à «ne pas exécuter de ressortissants d’un pays ami». Cette intervention de celui qui est devenu ensuite ministre de Jokowi puis en 2024 son successeur à la présidence indonésienne, a été confirmée à l’AFP par une source proche du dossier, souhaitant rester anonyme. Interrogé par l’AFP, un porte-parole de la présidence a en revanche indiqué qu’il «ne pas (pouvait) pas confirmer» cette information.

Libération

Post navigation

Leave a Comment

Schreibe einen Kommentar

Deine E-Mail-Adresse wird nicht veröffentlicht. Erforderliche Felder sind mit * markiert