Adoptions illicites en France : un trafic d’ampleur longtemps passé sous silence

Adoptions illicites en France : un trafic d’ampleur longtemps passé sous silence

Главная страница » Adoptions illicites en France : un trafic d’ampleur longtemps passé sous silence

Bébés volés, enfants vendus, mères trahies, justice bafouée… Libération révèle aujourd’hui qu’un trafic d’ampleur de nouveau-nés a prospéré sur le sol français pendant des dizaines d’années, probablement alimenté par des officiers de l’état civil peu regardants, des mères de couvents insoupçonnables, des notaires corrompus et des juges complaisants. Au centre de ce scandale, qui a perduré au moins jusqu’à la fin des années 90, on trouve des associations aux doux noms comme «Berceaux de Rouen» et tant d’autres à Lille, à Paris, à Montpellier, où notre journaliste a recueilli une vingtaine de témoignages décrivant des organisations aux méthodes similaires, agissant toutes sous couvert de l’intérêt de l’enfant et à la faveur d’une anomalie française née d’une bonne intention, la loi de la naissance sous X.

Au départ, une situation hélas banale avant la légalisation de l’avortement : un médecin ayant pour patients un couple bourgeois en mal d’enfants d’un côté, et une fille enceinte hors mariage de l’autre. Il ne lui restait plus qu’à établir un faux certificat de naissance, mettant en place une fraude indécelable avec une adoption qui ne dit pas son nom et qui n’est inscrite nulle part. Très vite, les bonnes intentions sont oubliées pour un système structuré, où des associations censées soutenir les jeunes femmes en détresse mettaient en place des adoptions faussement déclarées, où les bébés ont été subtilisés après la naissance à la suite de pressions ou mensonges.

Dans cette nébuleuse, on trouve même le nom du président Georges Pompidou, administrateur d’une mystérieuse fondation qui l’a aidé à adopter son fils Alain. Si les pratiques illégales de l’adoption d’enfants de pays pauvres sont bien connues, celles commises sous la République et sur le sol français sont encore passées sous silence, laissant leurs victimes – enfants et mères – dans un gouffre de suppositions lancinantes que nul ne semble prêt à affronter.

Libération