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Dans la cour de récré, elle répondait gaiement : «Ma couleur de peau, c’est parce que je vais en Espagne tout l’été. Le soleil m’adore.» L’explication lui convenait, elle si brune et mate, et ses parents blonds comme les blés. Mais l’année de ses 10 ans, elle surprend son grand-père évoquer son «adoption». Le sol sous ses pieds se lézarde. L’information macère longtemps dans son ventre sans un mot – sa mère se «glace» à toute tentative de discussion, son père guère mieux. Aujourd’hui, à 56 ans, Blandine ignore toujours les circonstances précises de sa naissance. D’autant que légalement… elle n’a pas été adoptée. A l’état civil, elle est née des époux Vignolles le 1er novembre 1968, «exactement comme si ma mère adoptive m’avait accouché». Pas de trace d’abandon ou de naissance sous X. La copie de son acte de naissance intégral ne laisse rien paraître. «Bébé, j’étais blanche, mes origines métisses ne sont devenues visibles qu’après. Sans ça, je n’aurais peut-être jamais rien su.»
A la mort de ses parents, elle farfouille dans leurs documents et trouve une pochette cartonnée coincée dans les plans de construction de la maison. Sur cette feuille à en-tête, dactylographiée : «Le bébé que vous m’aviez demandé et que je vous avais promis
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