Le dernier trimestre 2024 a connu la hausse la plus marquée du chômage depuis une décennie

Le dernier trimestre 2024 a connu la hausse la plus marquée du chômage depuis une décennie

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Jamais encore le retournement de conjoncture économique ne s’était manifesté aussi franchement, sur l’emploi, qu’avec les dernières données publiées ce lundi 27 janvier par le ministère du Travail. Au quatrième trimestre 2024, France Travail (ex-Pôle emploi) a enregistré 117 000 inscrits de plus en catégorie A (sans aucune activité), soit une hausse de 3,9 %, la plus forte enregistrée en France – hors Mayotte – en une décennie, période Covid mise à part. Le nombre de chômeurs de catégorie A atteint ainsi 3,138 millions de personnes à la fin de l’année dernière. Sur un an, la hausse est de 3,5 %, les variations des trimestres précédents ayant été bien moins importantes.

De quoi accréditer les alertes patronales et syndicales sur une nette dégradation du marché de l’emploi, dont le signe avant-coureur était la multiplication des défaillances en 2024, après plusieurs années historiquement faibles liées aux mesures exceptionnelles mises en place par l’Etat pendant les confinements à répétition pour soutenir les entreprises. La Banque de France a ainsi fait état de 65 764 entreprises entrées en redressement judiciaire ou en liquidation judiciaire l’année dernière, davantage que la moyenne d’avant la pandémie (près de 60 000 dans les années 2010 à 2019). Cela participe de la hausse des inscriptions à France Travail faisant suite à un licenciement économique, estimée à 26 % sur un an, même si les quelque 9 700 personnes concernées au quatrième trimestre représentent toujours une très faible part des inscriptions (1,8 %). Les déclarations d’embauche refluent aussi, l’Urssaf ayant rapporté la semaine dernière qu’elles étaient reparties à la baisse au quatrième trimestre, perdant 2,4 % par rapport au trimestre précédent.

Désaveu pour Macron

Dans un communiqué diffusé lundi, le Medef a pointé une situation «très préoccupante», qui «doit faire prendre conscience au gouvernement des conséquences de ses choix budgétaires». «Toute augmentation du coût du travail, des impôts ou des taxes se traduirait immanquablement par de nouvelles défaillances», abonde la CPME, la Confédération des petites et moyennes entreprises. Des avertissements patronaux lancés alors que les textes budgétaires en cours d’examen parlementaire contiennent des mesures augmentant la fiscalité ou la contribution sociale des entreprises.

Cette nette hausse des inscrits à France Travail constitue aussi l’esquisse d’un profond désaveu pour les politiques de l’emploi menées tambour battant par Emmanuel Macron et ses gouvernements depuis sept ans, que n’a pas manqué de souligner la CGT dans son communiqué diffusé lundi : «Les politiques menées par Macron portent “enfin” leurs fruits !» Il faut dire que la baisse du chômage est l’un des principaux motifs de fierté du chef de l’Etat, encore rappelé lors de ses vœux télévisés pour 2025 : «Depuis sept ans, nous avons réussi à résister aux pires crises, tout en baissant le chômage, tout en réindustrialisant et en attirant les inventions du monde entier.»

Aides réduites à l’apprentissage

Certes, il y a belle lurette qu’Emmanuel Macron ne promet plus le «plein-emploi», horizon sur lequel il avait fondé sa campagne électorale de 2022. Mais quand, début 2023, le taux de chômage était descendu à 7,1 % de la population active, le score le plus bas depuis plus de vingt ans, le président de la République et son gouvernement de l’époque paradaient. Et enclenchaient un nouveau cycle de réformes censées aboutir miraculeusement aux 5 % de chômage : nouvelle réduction des droits des demandeurs d’emploi, avec une durée d’indemnisation rabotée, loi dite «plein-emploi» inscrivant tous les allocataires du RSA à France Travail avec l’objectif de les remettre en emploi, et bien sûr la réforme des retraites, censée booster le taux d’emploi des seniors en les maintenant deux ans de plus à leur poste. Au quatrième trimestre 2024, ils étaient 2,2 % à s’inscrire en catégorie A en France métropolitaine.

Quant au soutien financier massif à l’apprentissage, dont les aides sont sensiblement réduites cette année, il dopait également le taux d’emploi des jeunes. Jusqu’à un certain point seulement : au quatrième trimestre 2024, l’augmentation des inscrits en catégorie A chez les moins de 25 ans a atteint 8,5 % en France métropolitaine. «L’apprentissage qui coûte 24 milliards d’euros et les mesures successives prises depuis 2017 n’empêchent pas la paupérisation des plus jeunes», commente ainsi la CGT. A ce stade, les perspectives pour 2025 ne sont pas reluisantes : la Banque de France anticipe un taux flirtant avec les 8 % d’ici la fin de l’année. Contre 7,4 % au troisième trimestre 2024, selon les dernières données de l’Insee disponibles.

Libération

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