Le Louvre, la nouvelle mission du sauveteur Macron ?

Qui d’autre que lui pour voler au secours du plus grand musée du monde ? Après le succès de la rénovation de Notre-Dame de Paris en cinq ans, qui, admettons-le, doit beaucoup à sa ténacité, Emmanuel Macron est prêt à renfiler sa cape ce mardi 28 janvier pour une grande opération de communication au Louvre.

Alors que la direction du musée cherche des crédits supplémentaires pour ses grands projets, le «hasard» a fait qu’une «note confidentielle» alertant sur la décrépitude du Louvre fuite et se retrouve dans le Parisien. Puis le hasard, toujours lui, fait que le chef de l’Etat décide de s’y inviter pour une visite de terrain et conclure un mois de janvier d’isolement et d’impopularité au Palais de l’Elysée.

Avant même les annonces du Président, les experts chiffrent les besoins du Louvre à plusieurs centaines de millions d’euros. Il s’agit avant tout de remettre aux normes le palais aux 86 000 m² d’espaces ouverts au public et d’en finir avec une vétusté qui menace à la fois le bâtiment et les collections qu’il abrite. Le sujet est connu de longue date et l’alerte a été donnée à plusieurs reprises par le personnel. En novembre 2023, une exposition a d’ailleurs été fermée en urgence pour cause d’infiltrations. Mais à cela viennent s’ajouter divers chantiers sous la pyramide et surtout, le projet pharaonique d’une nouvelle entrée à l’extrémité de la cour Carrée portée par la directrice, Laurence des Cars. L’envergure du «sauvetage» donne forcément envie à Emmanuel Macron de mettre son nez dans ce dossier au retentissement médiatique, populaire et patrimonial évident. Y compris à l’international.

Et pourquoi ne pas grappiller au passage quelques points de popularité ? Rappeler aux Français la célébration de sa victoire de 2017, quand il traversait seul la cour de l’ancien palais royal avant de prononcer son discours face à la pyramide ? Là, il se peut fort que ses espoirs se fracassent contre les losanges de verre de Ieoh Ming Pei. Cette récupération politique intervient au pire moment dans le monde de la culture qui vit au rythme des baisses budgétaires et des coupes des subventions régionales. Des milliers d’événements et d’emplois sont en péril et elle est là, l’urgence.

Libération