Pour l’armée israélienne, la bonne santé apparente des otages libérées est trompeuse

Dans une vidéo d’une minute, elle apparaît vêtue d’un sweat-shirt à capuche bleu marine sur un fond vert. Visiblement très éprouvée. Arbel Yehud, 29 ans, décline son identité, indique la date du samedi 25 janvier, demande au Premier ministre israélien de tout faire pour libérer les otages encore retenus à Gaza. Ces images ont été transmises ce lundi 27 janvier soir par le Jihad islamique, allié du Hamas dans la bande de Gaza. La jeune femme fait partie des trois otages israéliennes qui doivent être libérées jeudi 30 janvier, dans le cadre du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Des images qui contrastent avec l’apparition des quatre soldates israéliennes libérées samedi au moment de leur remise au Comité international de la Croix-Rouge (CIRC). Décontractées, petit sac de papier à la main, avant de monter prestement dans les voitures du CICR. «Cela fait partie du spectacle organisé par le Hamas», a pointé ce lundi le colonel Avi Benov, chef adjoint de l’unité médicale de l’armée israélienne, selon qui ces images ne disent rien de leur état réel de santé.

Le médecin militaire assure que le rétablissement des sept Israéliennes libérées en deux fois depuis le 19 janvier «prendra du temps». Il décrit de nombreux problèmes physiques détectés lors de leur hospitalisation, entre «dénutrition», «carences en vitamines» et métabolisme affecté. Des vitamines leur ont été administrées sur la base militaire de Réïm, à la lisière de la bande de Gaza, dès leur arrivée en Israël. Tout comme de la nourriture et des vêtements.

Dommages psychologiques

Les otages ont été «blessées d’une manière ou d’une autre» lors de leur enlèvement le 7 octobre 2023, puis mal ou pas soignées en captivité, selon le militaire israélien. Sans les nommer, il s’est aussi dit particulièrement inquiet pour les quelques-unes détenues «ces huit derniers mois dans des tunnels» : «la lumière, le soleil et la possibilité de parler à quelqu’un sont essentiels à la santé physique et mentale.»

Car c’est au niveau psychologique que l’état des anciennes otages est le «plus compliqué». «Même si elles sont visiblement heureuses, il reste tout de même une peur, une réticence à croire que cette fois-ci, elles sont vraiment dans de bonnes mains et que ce n’est pas encore un show organisé par le Hamas.»

Le médecin miliaire a refusé de répondre à une question sur les «abus physiques», tortures et violences sexuelles qu’elles pourraient avoir subies, pour «protéger leur intimité». Elles «raconteront elles-mêmes, si elles le souhaitent, ce qu’elles ont vécu dans quelques semaines ou quelques mois».

Quant aux autres otages devant être libérés dans les semaines à venir, dont des hommes de plus de 50 ans ou malade, le médecin militaire se montre pessimiste. «Nous nous attendons à ce qu’ils […] reviennent en plus mauvais état.» Selon une liste transmise par le Hamas, seuls 25 otages sur les 33 devant être libérés vivent encore – c’est-à-dire, sur les 26 otages restants, 18 sont vivants et huit morts.

Un rapport du ministère israélien de la Santé, transmis en décembre au rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, décrivait déjà de nombreuses formes de violences physiques et psychologiques. A partir de témoignages d’otages libérés en novembre 2023, il détaillait les marquages au fer rouge, passages à tabac, privation délibérée de nourriture, agressions sexuelles, détention en isolement… Certains rapportent même avoir subi des opérations sans anesthésie. Toujours selon ce document, nombre d’anciens otages présentent aujourd’hui des symptômes de stress post-traumatique, de dépression, d’anxiété et de culpabilité du survivant.

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