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Biodiversité, espace, intelligence artificielle, éducation… Coups de projecteur sur les conférences et rencontres organisées à la Cité des Sciences et de l’Industrie. Aujourd’hui, le génie des mers, samedi 8 février, de 10 h 30 à 12 heures, dans le cadre de la journée mondiale des intelligences animales.
Le monde aquatique abrite des êtres vivants aux capacités extraordinaires. Biophysicien, naturaliste et écrivain, Bill François partage sa passion pour cet univers mystérieux.
A quand remonte votre attrait pour le monde aquatique ?
En fait, j’ai toujours été fasciné par celui-ci, même si enfant, j’en avais aussi très peur. La mer est en partie invisible et cachée et cela peut être effrayant. Très vite, la fascination l’a emporté sur la peur. J’ai compris que cet univers mystérieux offrait beaucoup d’espace pour explorer et rêver. Par la suite, je me suis engagé dans des études de physique. Cette discipline offre un autre angle d’approche que la biologie. Les deux sont complémentaires mais cette dernière permet de mieux appréhender les grandes tendances du vivant. Appliquée au monde aquatique, elle est particulièrement intéressante car les conditions en termes de lumière ou de pression par exemple, sont très différentes dans l’eau. J’ai ensuite effectué une thèse sur la physique des mouvements dans les bancs de poissons.
Vous allez beaucoup sur le terrain et avez à cœur de vulgariser votre travail. Avec vous, le public découvre comment mollusques, coquillages ou poissons deviennent ingénieurs, navigateurs ou médecins du futur.
A mes yeux, la science permet de raconter des histoires faites pour être partagées et il y a tant à dire ! Je trouve que l’on analyse trop souvent l’intelligence animale avec nos propres critères et en conséquence, les animaux paraissent toujours moins intelligents que nous. On s’enthousiasme ainsi du fait que les dauphins reconnaissent quelques mots mais ce type de langage reste un domaine humain de compétence. Au contraire, si on se penche sur leur façon de visualiser l’espace, leurs capacités sont extraordinaires. Sans ouvrir les yeux, grâce aux sons et à leur sonar, les dauphins sont capables de percevoir en 3D le monde qui les entoure. Quelque chose dont nous sommes complètement incapables. En réalité, les animaux mettent en œuvre des formes d’adaptation et d’intelligence très différentes des nôtres. On peut aussi s’émerveiller de la faculté des éponges, qui ne possèdent ni cerveau, ni organes, à produire un verre pur et ultrarésistant tout en dépensant très peu d’énergie. Ou de la façon dont de minuscules larves de poissons se repèrent dans l’océan. Si on décale notre regard, il y a une foule de raisons d’être épaté par le génie du vivant.
Aujourd’hui on parle beaucoup de biomimétisme. Ou comment la science peut s’inspirer de la nature pour trouver des solutions.
En réalité, le biomimétisme n’est pas nouveau. Nous devons aux animaux et aux plantes la plupart de nos inventions. La pile électrique par exemple a été imaginée par Volta en observant la raie torpille qui émet de l’électricité afin de se défendre. L’humain est fait pour ça, s’inspirer la nature. A ce titre, l’océan est prometteur, car nous en connaissant une infime partie seulement, et même pas 10 % des espèces qu’il abrite. C’est une raison de plus pour le protéger car il contient de nombreuses solutions à nos problèmes. Il représente aussi une source d’inspiration profonde : un monde zéro déchets ou chaque espèce à sa place.
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