La police nationale dégaine sa convention avec la Fédération française de tir

Главная страница » La police nationale dégaine sa convention avec la Fédération française de tir

Forces de l’ordre

Signé ce lundi 21 octobre, le dispositif encadre la pratique du tir sportif avec une arme de service. Une mesure qui laisse craindre, bien que des syndicats et la fédération s’en défendent, une forme d’entraînement payant compensant la formation insuffisante des policiers.

«Pan, pan, pan !» Il faut sonner une fois, pas deux, sinon on vous fera une réflexion sur votre manque de patience. «Pan !» Un monsieur imposant avec un flingue tatoué dans le cou renouvelle son adhésion au club. «Pan, pan !» «On n’aime pas trop parler aux journalistes, ici…» Ça partait mal mais, dans ce grand stand de tir parisien, on dit des choses tout en ne voulant rien dire. Les questions sont simples : «Beaucoup de flics viennent tirer ici ? Ce sont quoi, des passionnés ? Des mecs qui viennent s’entraîner avec leurs propres deniers ? Vous en pensez quoi, vous ?» Haussement d’épaules à l’accueil. «On en voit pas mal ouais…»

Ils pourraient être plus nombreux à l’avenir. La direction générale de police nationale (DGPN) et la Fédération française de tir (FFTir) signent, ce lundi 21 octobre dans l’après-midi, une convention pour encadrer et faciliter la pratique du tir sportif par des policiers, avec leur arme de service et dans des stands homologués. Selon nos informations, le document devrait ressembler quasiment mot pour mot à celui qui encadre déjà la pratique des gendarmes depuis 2017. Les policiers pourront – en réalité, ils le font déjà – venir dans un stand de tir non pas pour faire un entraînement de police, mais pour faire du tir dans des conditions déterminées par la FFTir et par le règlement intérieur du club concerné. Pour les agents intéressés, la licence à la FFTir est payante et, si l’arme de service reste la responsabilité de l’administration, les munitions sont à la charge des policiers. L’Etat, lui, ne devrait pas débourser un euro supplémentaire.

«On ne peut pas dire que les policiers soient parfaitement formés»

Cette nouvelle convention vient compléter un arrêté publié au journal officiel le 21 septembre, qui définit les conditions qu’un agent doit remplir pour s’inscrire à la FFTir. Les policiers devront notamment signaler leur volonté à la hiérarchie et montrer patte blanche administrativement. En contrepartie, ils obtiendront le droit de shooter 3 000 munitions par an, soit 250 par mois.L’accord viendra «s’ajouter aux trois séances obligatoires» de tir chaque année, souligne la direction de la police. Une obligation qui n’est, selon le dernier rapport de la Cour des comptes sur le sujet, en 2022, que peu respectée, puisqu’«en 2019, le taux de réalisation des tirs obligatoires, mesuré par le pourcentage de personnels actifs ayant réalisé au moins trois séances de tir dans l’année, s’élevait à 62 %».

Pour faire plaisir au pouvoir politique qui, à coups d’opération «Place nette XXL», encourage la politique du chiffre, les hiérarchies préfèrent souvent laisser «les bleus dans la rue» plutôt que de leur dégager du temps de formation. Et quand bien même ces trois séances sont respectées, on est loin de la panacée. «On ne peut pas dire que les policiers soient parfaitement formés, glisse le président d’une association de tir créée par des anciens agents. On aide des jeunes flics qui sont parfois perdus.» «A partir du moment où nous avons des armes dans l’espace public, tout doit être fait pour qu’il n’y ait pas de problème, pas de bêtises», estime la même source.

«Pour des collègues amateurs de tir»

Une formation continue pas au niveau et la possibilité de payer pour tirer de son côté : la DGPN aurait-elle trouvé la solution pour faire de l’entraînement gratuit dans un contexte budgétaire serré ? Catégorique, Thierry Collas, formateur aux techniques et à la sécurité en intervention (FTSI) et délégué de l’Unsa police, juge que «c’est un sport, une autre pratique, quelque chose de différent».

Le président de la FFTir, Michel Baczyk, réfute lui aussi la comparaison. «Le tir sportif est statique sur de la cible statique, dit-il. Si un stand est équipé pour faire du tir police, il y en a peu mais ça existe, il doit être homologué par la police nationale et l’encadrement se fait par la police elle-même et non par des encadrants de la FFTir.» Il estime néanmoins que les policiers pourront travailler tout de même sur la précision, la «confiance en son matériel et [l’absence] de peur de s’en servir.»

Dans le discret stand de tir parisien, on affirme à demi-mot que certains agents viennent plutôt là pour s’entraîner que pour l’amour de la cartouche. «Mais s’ils pensent s’entraîner pour le travail, ils se mettent le doigt dans l’œil.» Un policier préférant rester anonyme croit savoir que «la mesure est surtout demandée par des collègues amateurs de tir». Reste que les observateurs maintiennent leur vigilance face à cette convention. «Si dans un an, on nous réduit le nombre de tir à effectuer en nous redirigeant vers les stands, nous nous poserons la question de savoir s’il s’agit d’un entraînement caché, prévient une source policière. Qui met en garde : «Ce serait contesté par toute la profession.»

Libération

Post navigation

Leave a Comment

Schreibe einen Kommentar

Deine E-Mail-Adresse wird nicht veröffentlicht. Erforderliche Felder sind mit * markiert

Entreprise québécoise, Sweet Baby Inc s’est spécialisée dans l’aide au développement des jeux vidéo pour rendre les récits plus inclusifs. L’entreprise est devenue la cible de l’extrême droite.