Parmi les déclarations fracassantes de Donald Trump, quotidiennes depuis son arrivée à la Maison-Blanche le 20 janvier dernier, celle-ci est sans doute l’une des plus stupéfiantes. Mardi 4 février, le président américain a proposé que les États-Unis prennent le contrôle de Gaza et que tous les Palestiniens qui y vivent — environ deux millions de personnes — quittent la zone, décrivant une relocalisation permanente vers un ou plusieurs sites financés par des “pays d’intérêt avec des cœurs humanitaires”.
“Les Etats-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza et nous allons faire du bon boulot avec”, a déclaré le président américain lors d’une conférence de presse au côté de Benyamin Netanyahou, parlant du territoire palestinien comme d’un “chantier de démolition”. “Nous en prendrons possession et serons responsables du démantèlement de toutes les bombes dangereuses qui n’ont pas explosé et de toutes les armes”, a-t-il ajouté, en soulignant que les Etats-Unis allaient “aplanir la zone et se débarrasser des bâtiments détruits”, afin de développer économiquement le territoire palestinien.
Sans s’épancher sur la manière dont il comptait le mener à bien, le républicain a parlé d’un projet “à long terme”, et a dit en avoir parlé à d’autres pays dans la région qui auraient, selon lui, “adoré” l’idée.
Sa suggestion ajoute Gaza à la liste croissante des endroits que Donald Trump veut saisir dans le monde, avec le Groenland, le Canada et le canal de Panama. Le président a déclaré que ce serait une “position de propriété à long terme” pour les États-Unis. Il n’a pas répondu à la question sur l’autorité juridique qui lui permettrait de simplement prendre le contrôle d’un territoire souverain. “Nous en serons les propriétaires”, a-t-il dit.
“Côte d’Azur du Moyen-Orient”
“Ce n’est pas une décision prise à la légère”, a-t-il ajouté, répétant son vœu de faire de Gaza la “Côte d’Azur du Moyen-Orient”. Visiblement heureux d’afficher leur bonne entente, même si les deux dirigeants ont pu avoir des différends, Benyamin Netanyahou a salué en Donald Trump “le meilleur ami qu’Israël ait jamais eu à la Maison-Blanche”. Le plan de Donald Trump pour la bande de Gaza est une idée qui “pourrait changer l’Histoire”, a-t-il réagi. “Nous en parlons, il l’étudie avec ses collaborateurs, son équipe”, a-t-il expliqué. “Je pense que c’est quelque chose qui pourrait changer l’Histoire. Et cela vaut la peine de poursuivre dans cette voie.”
En réaction à ces propos, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a lancé sur son compte X que “Gaza DOIT ÊTRE LIBÉRÉE du Hamas”. “Comme [le président américain] l’a déclaré aujourd’hui, les Etats-Unis sont prêts à prendre les devants et à rendre à Gaza sa beauté [“make Gaza beautiful again”, en anglais]. Notre objectif est d’instaurer une paix durable dans la région pour tous les peuples”, a posté sur X le responsable.
Gaza MUST BE FREE from Hamas. As @POTUS shared today, the United States stands ready to lead and Make Gaza Beautiful Again. Our pursuit is one of lasting peace in the region for all people.
— Secretary Marco Rubio (@SecRubio) February 5, 2025
Le président américain avait suscité récemment une vague d’indignation internationale en proposant de faire “tout simplement le ménage” dans la bande de Gaza et de transférer ses habitants dans des lieux “plus sûrs” comme l’Egypte ou la Jordanie, hostiles à l’idée. Les Palestiniens “veulent reconstruire Gaza, reconstruire les écoles, les hôpitaux, les routes, les infrastructures, les bâtiments et les maisons, parce que c’est leur place, et ils adorent vivre là. Je pense que les dirigeants et les peuples devraient respecter les souhaits du peuple palestinien”, a de son côté insisté l’ambassadeur de l’ONU pour la Palestine, Riyad Mansour, devant la presse. “Notre pays et notre maison, c’est la bande de Gaza, elle fait partie de la Palestine”, a-t-il ajouté, interrogé sur les déclarations du président américain.
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