«Nazaré» : un livre photo au plus près du «graal du surf»

«Nazaré» : un livre photo au plus près du «graal du surf»

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Au moment où Justine Dupont vient de surfer (le 27 janvier) la Belharra, la «montagne du Pays basque», cette vague géante qui peut atteindre plus de 20 mètres de hauteur, sort un livre titré Nazaré, du nom de la ville portugaise où naissent d’autres vagues mythiques. Ecrit par David Michel (grand reporter à l’Equipe) et photographié par Franck Séguin (dont on admirera la prouesse technique), l’ouvrage est préfacé, justement, par Justine Dupont qui évoque ce spot hors norme allant «de la tempête déchaînée au calme plat, un champ des possibles sans limite pour nous».

Elle n’est pas la seule à utiliser les superlatifs. Garrett McNamara parle d’un «moment d’incrédulité, d’un choc absolu. Je voyais ce que j’avais toujours cherché : une vague de 30 mètres, le graal du surf». Vincent Lartizien évoque, lui, un «Himalaya liquide. Nous travaillons maintenant à en conquérir les sommets un par un».

Au début, les surfeurs se sont fait des frayeurs, avec les filets de pêche qui traînaient dans la zone. Puis les pêcheurs sont allés pêcher ailleurs, laissant le champ libre aux amoureux de la grosse vague. Garrett McNamara raconte aussi les milliers de spectateurs présents sur la falaise, venus assister au spectacle, et son impression d’être «un gladiateur dans un colisée. C’est tellement spécial, tellement spirituel». La vague ultime, une quête quasi religieuse.

Il y en a qui ont failli s’y noyer. Marcio Freire y a trouvé la mort en janvier 2023. Benjamin Sanchis s’y est pris deux rouleaux sur la tête. «Dans l’eau, je suis parti dans tous les sens, comme si j’étais dans une énorme machine à laver. Tu te retrouves baladé à gauche, à droite, vers le fond, le haut… Tu ne contrôles plus rien et il est impossible de lutter.»

Justine Dupont analyse la peur, «l’angoisse de se blesser, de rester coincé sous l’eau… Au début, l’inconnu génère ce sentiment et c’est normal. Désormais la peur est présente en réminiscence d’accidents passés. Il est important, pour être vraiment vigilante, qu’elle reste présente. C’est la peur qui te permet entre autres d’être pleinement concentrée». Et puis, à la fin du livre, le détail des chutes, que curieusement, l’éditeur a décidé de présenter en gros caractères…

Andrew Cotton s’est fracturé une vertèbre : «Quand je me lance sur une vague, je ne pense pas à la chute, ce n’est pas le bon état d’esprit à avoir. Sinon, c’est que tu n’es pas serein et c’est alors que le pire arrive.» Nic Von Rupp, ballotté dans les flots : «Il ne faut pas trop lutter, c’est souvent contre-productif. L’instinct animal prend le relais, tu agis pour survivre. Car c’est tellement violent, tellement brutal.»

Au final, on découvre à la lecture de ce livre un mode de vie, ses codes, ses rituels et les dangers qui rôdent ; l’adrénaline que ces surfeurs de gros cherchent chaque matin lorsqu’ils partent sur l’eau. Il y a de la poésie, de la sagesse, du risque, de la compétition, de l’entraide. De jolis mots derrière les belles vagues, et c’est tant mieux.

Libération

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