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«Il y avait une ambulance juste ici, montre Aliou, en pointant du doigt le trottoir en face de la Grande Mosquée de Bobigny. J’ai vu un jeune allongé mais je pensais qu’il était malade.» Un peu après 17 heures, un garçon de 15 ans a été tabassé mardi 4 février par plusieurs individus sur l’avenue du Président-Salvador-Allende, à proximité du collège Angela-Davis, où il était scolarisé. Selon les informations du Parisien, l’origine des coups porterait sur un différend interne au collège. «C’est la première fois que j’entends qu’une chose comme ça s’est passé», réalise Aliou, qui habite dans l’un des immeubles situés à quelques mètres de l’agression.
«Ça fait peur, s’inquiète Ami, rencontrée dans la rue du drame. Quand mon fils de 21 ans sort dans le quartier, je l’appelle tout le temps et je m’imagine le pire s’il ne décroche pas.» En surplomb de l’avenue principale, le collège Angela-Davis est fermé, comme tous les mercredis. Devant les briques rouges du bâtiment, plusieurs journalistes attendent patiemment mais aucun collégien ne se montre. A la demande de sa fille, Sarah fait un détour pour ne pas passer devant. «Elle est inquiète depuis l’événement», regrette l’agente d’accueil de 41 ans. L’arrivée de ce nouveau collège, inauguré en septembre dernier, s’est accompagnée de difficultés pour le quartier. «Il est trop isolé», regrette Ami, qui fustige le manque de policiers alors que l’établissement est situé au bout d’un chemin éloigné de l’artère principale, à l’abri des regards. Dans le centre aéré installé dans l’école Jean-Jacques-Rousseau, à quelques pas du nouveau collège, l’événement a marqué les animateurs, qui refusent de parler à la presse. «On fait le nécessaire pour protéger les enfants», commente simplement son directeur.
Amené à l’hôpital Necker à Paris, l’adolescent a pu être entendu par les enquêteurs, après avoir été plongé dans un coma artificiel jusqu’à ce mercredi, selon le parquet. Toujours selon le Parisien, le jeune homme a pu retrouver le domicile de ses parents ce mercredi soir, après s’être rapidement rétabli. Deux personnes, dont un mineur, suspectées d’avoir pris part à l’agression, ont été placées en garde à vue. «L’un des deux serait l’auteur principal», précise une source policière. Mais le motif de ces actes de violence reste inconnu pour le moment. L’agression a en tout cas rappelé de mauvais souvenirs à plusieurs habitants rencontrés aux alentours. Le 19 juillet dernier, deux hommes de 25 et 27 ans avaient été tués par arme à feu, à 300 mètres du lieu de l’agression de mardi. Un meurtre, cette fois-ci, lié au trafic de drogue. «J’interdis à mon fils de sortir dans le quartier», lance fermement Mouna, qui habite dans la tour devant laquelle le double meurtre a eu lieu. Par sécurité, elle a scolarisé Amin dans un collège de Pantin. Devant le collège, Rebecca préfère relativiser : «Je n’ai pas peur de sortir de chez moi, on prend ça comme un acte isolé.»
Capuche sur la tête, Alexandre connaissait le collégien qui a été tabassé, «un gars gentil». Si le garçon de 15 ans n’est pas inquiet par la situation, il comprend la crainte «des mamans». A côté de lui, Issa peine à sortir de sa tête le souvenir des deux jeunes tués cet été. «Les gens essayent d’oublier ce qu’il s’est passé», lance-t-il, regard baissé après que l’agression a ravivé le traumatisme.
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