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Sécurité
L’homme suspecté de trafic de stupéfiants visé par l’opération «Place nette», dont l’interpellation a mené à l’agression des agents, a été condamné à un an de prison. Le parquet de Marseille a ouvert dimanche 20 octobre une enquête mais aucune personne n’a été interpellée à cette heure.
La vidéo de deux policiers se faisant frapper en bas d’un immeuble marseillais mercredi 16 octobre circule depuis la semaine dernière sur les réseaux sociaux. Les faits auraient eu lieu pendant une opération policière censée lutter contre les trafics de stupéfiants dans le quartier de la Castellane. Les deux agents ont été blessés. Seul le dealer initialement contrôlé, qui n’est pas impliqué dans les coups sur les policiers, a été interpellé et jugé en comparution immédiate le vendredi 18 octobre. Il a été condamné à un an de prison, indique le parquet de Marseille à Libération.
Que s’est-il passé ?
Mercredi 16 octobre, des équipages de la brigade spécialisée de terrain (BST) Nord interpellent un jeune homme suspecté de vendre des produits stupéfiants en bas d’un immeuble du quartier de la Castellane, à Marseille. Pendant cette opération policière, deux agents ont été blessés, «l’un se voyant prescrire une ITT de 15 jours et le second une ITT de 3 jours», précise le parquet. Quelques heures plus tard, une vidéo de l’agression des policiers était publiée sur les réseaux sociaux.
Lutte anti-drogue
Sur les images on voit deux policiers à terre recevoir un coup de pied d’un homme, entouré d’une dizaine d’autres. Dans cette vidéo, une personne semble être maintenue au sol par un des policiers avant de donner un coup et de s’enfuir. Selon le quotidien La Provence, plusieurs personnes ont jeté des projectiles sur les policiers, des pierres et des bouteilles en verre, causant des blessures à l’œil pour l’un et à la main pour l’autre.
Où en est l’enquête ?
Depuis, la vidéo a été authentifiée, a souligné dimanche soir le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, et une enquête pour coups et blessures sur personnes dépositaires de l’autorité publique a été ouverte. Ce lundi 21 octobre, aucune personne n’avait encore été interpellée, précise le parquet. Selon une source policière, il y a eu plusieurs «contrôles», mais «à cette heure, il n’y a pas eu de mesure de garde à vue qui ont été prises».
🔴 Des policiers ont été pris à partie à la Castellane après une interpellation : l’un d’eux a été sérieusement blessé. (La Provence) pic.twitter.com/vfyyO9ji7c
— Cpasdeslol (@cpasdeslol_X) October 18, 2024
L’homme initialement suspecté de vendre des stupéfiants a été présenté le 18 octobre 2024 en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Marseille. Il a été condamné à un an d’emprisonnement avec mandat de dépôt. «Les faits de violences sur fonctionnaires de la police nationale font l’objet d’une procédure distincte, les auteurs n’étant pas identifiés à stade», ajoute le parquet de Marseille.
Quel est le contexte ?
Sur le front de la lutte contre les stupéfiants, le gouvernement a opté il y a plusieurs mois pour le modèle du «pilonnage» des points de deal mis en œuvre dans certains quartiers particulièrement touchés par les trafics et vanté par le président Macron en mars 2024 lors d’un déplacement à Marseille sur une de ces «opérations Place nette». Le quartier de la Castellane avait été le premier à être visé par cette opération de communication sécuritaire.
Mise au point
Après l’agression des deux agents, le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Pierre-Edouard Colliex, a estimé auprès de BFMTV que «c’est bien la preuve que notre présence perturbe et que ça embête [les dealeurs, ndlr]. Donc c’est bien sûr ce qu’on va continuer de faire» des opérations similaires. «Il n’y a pas un jour, pas une nuit, où la Castellane a été sans la présence de policiers. Nous avons fait disparaître les points de deal, ce qui représente un manque à gagner énorme.»
Dans un rapport publié dimanche soir, la Cour des comptes estime que cette stratégie de harcèlement des points de deal «permet de déstabiliser les trafics et témoigne, de manière visible, de la mobilisation de l’État. Néanmoins, son effet durable est difficile à évaluer : il ne conduit parfois qu’à déplacer les points de deal, dont les horaires d’ouverture s’adaptent à cette présence policière perlée. Il ne débouche souvent que sur de faibles condamnations judiciaires». «En outre, la mobilisation permanente de moyens considérables contre le trafic de stupéfiants obère le temps policier disponible pour d’autres missions», avec moins d’interventions à la suite d’appels et un «stock» de dossiers en cours en hausse, est-il précisé.
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