France Info «déplore» et supprime une séquence qui imaginait Gaza en «petit paradis» touristique

France Info «déplore» et supprime une séquence qui imaginait Gaza en «petit paradis» touristique

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Une nouvelle polémique pour France Info. Mercredi 5 février dans la soirée, plusieurs internautes ont isolé une séquence diffusée dans l’émission l’Heure américaine, présentée par Julien Benedetto, dénonçant une «honte» et un débat «lunaire».

L’extrait en question, qui dure un peu plus de deux minutes, est résumé en bandeau par : «Gaza “Côte d’Azur” et si c’était possible ?» Les invités en plateau reviennent alors sur la proposition du président américain Donald Trump de «prendre le contrôle» du territoire palestinien pour en faire une «Côte d’Azur du Moyen-Orient». Un projet qui a provoqué un tollé mondial et qui, supposant l’exil forcé de millions de Gazaouis, violerait de nombreux principes fondamentaux du droit international.

Mais sur France Info, en cette deuxième partie de soirée – et après une discussion d’ordre géopolitique en présence de plusieurs experts – on a jugé bon de faire intervenir en plateau Franck Delvau, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie d’Ile-de-France (UMIH), afin d’analyser l’opportunité touristique de la manœuvre. «On va laisser la politique de côté pour l’instant», prévient le présentateur en accueillant Franck Delvau. «On vous a invité ce soir parce qu’on a envie de voir si cette proposition de Trump, elle a vocation à exister sur le plan économique. On a beaucoup dit que Trump est aussi un promoteur immobilier, c’est comme ça qu’il négocie : la bande de Gaza en Riviera, est-ce que ça a du sens pour le professionnel du tourisme que vous êtes ? La bande de Gaza a des atouts, on l’a déjà dit.»

Le président de l’UMIH introduit alors son propos en se félicitant que «le président Trump prenne l’exemple de la France, de la Riviera. Cela nous permet de rappeler qu’on est la première destination mondiale en termes de tourisme avec 100 millions de touristes !» Et d’égrener les chiffres que représente la capitale en termes d’effectifs de personnels et d’infrastructures touristiques. «Donc vous voyez, avant que demain Gaza devienne peut-être une French Riviera, il va y avoir quand même un peu de travail.» Il poursuit : «Et puis surtout, c’est la sécurité. Les touristes, dès qu’il y a la moindre chose… on l’a vu à Paris avec la grève des poubelles, tout de suite c’est des annulations ! Un touriste, il va là ou là en fonction de ce qu’il se passe. Il veut voyager safe. Donc Gaza : pourquoi pas, mais ce sera pas tout de suite, parce qu’il faut les infrastructures, un aéroport sûr, du personnel formé, et vous voyez le nombre d’hôtels à Paris : il y a beaucoup de travail.»

Julien Benedetto livre ensuite le coût estimé par l’ONU de la reconstruction de Gaza, auquel réagit David Rigoulet-Roze, chercheur à l’IRIS, invité lui aussi de l’émission. «On est très très loin d’un projet touristique et même d’une possibilité de reconstruction» dit-il. La discussion se poursuit sur fond d’images de plage de sable fin à Gaza et d’énumération des «atouts» du lieu. «Il y a la bordure méditerranéenne, la mer, le climat. Maintenant il faut construire tout autour. On voit que le tourisme peut être un facteur de paix  reprend Franck Delvau. «Mais ça ne peut pas être un préalable», note encore Rigoulet-Roze.

Après la grève des éboueurs, Franck Delvau tente alors un autre parallèle de crise touristique : celle des punaises de lit. «Rappelez-vous la crise des punaises de lit qui avait été montée de toute part, immédiatement il y a des annulations.» Le journaliste de France Info Michel Mompontet, également présent en plateau, renchérit : «Si on a peur des punaises de lit, le Hamas et le Hezbollah ça risque de faire un peu plus désordre.» Une réflexion suivie de quelques rires en plateau.

Dominique Simonnet, journaliste et écrivain, est lui aussi autour de la table. Il analyse la situation en prenant l’exemple de l’activité touristique à Tel-Aviv : «C’est la même plage en fait, il n’y a aucune raison qu’on ne puisse pas construire une espèce de petit paradis aussi, tout le monde en profiterait, à commencer par ceux qui habitent là.»

La séquence se termine par les propos de Julien Benedetto justifiant «ce pas de côté pour voir comment pourrait prendre forme cette bande de Gaza version Donald Trump».

Cet épisode intervient deux semaines après une intense polémique suscitée par une erreur en bandeau, qualifiant «d’otages» les détenus palestiniens libérés par Israël. Une coquille sur laquelle avaient bondi des personnalités de droite et d’extrême droite et qui avait entraîné une communication pour le moins chaotique de la chaîne, annonçant la suspension expresse du journaliste concerné. La Société des journalistes (SDJ) avait de son côté souligné «la réactivité de la direction».

Sollicitée par CheckNews, la communication de la chaîne a réagi en notant : «Une séquence totalement inappropriée et regrettable a été diffusée hier. Nous l’avons supprimée de notre site et déplorons ce moment.» La SDJ de France Info, sollicitée, n’a pour l’heure pas réagi.

Libération

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