L’ONU accuse le régime déchu du Bangladesh de possibles crimes contre l’humanité

L’ONU accuse le régime déchu du Bangladesh de possibles crimes contre l’humanité

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Un rapport du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH), fort de «témoignages de hauts responsables» ainsi que «d’autres preuves», accuse ce mercredi 12 février le régime bangladais déchu de possibles crimes contre l’humanité. Des actes qui se seraient déroulés lors de la répression d’un mouvement de protestation durant l’été 2024. Le HCDH fait état d’une «politique officielle visant à attaquer et à réprimer violemment les manifestants et sympathisants antigouvernementaux, ce qui soulève des inquiétudes quant à des crimes contre l’humanité nécessitant une enquête urgente approfondie».

Citant «diverses sources crédibles», le rapport de l’ONU estime que «jusqu’à 1 400 personnes pourraient avoir été tuées entre le 1er juillet et le 15 août» et que «des milliers d’autres ont été blessées». Le texte souligne que la grande majorité des personnes tuées ont été abattues par les forces de sécurité et que 12 % à 13 % étaient des enfants. Le Haut-Commissariat accuse l’ancien gouvernement, les services de sécurité et de renseignement du Bangladesh, ainsi que des «éléments violents» associés au parti de l’ex-Première ministre Sheikh Hasina, de graves violations des droits humains.

Le HCDH affirme avoir «des motifs raisonnables de croire que les crimes contre l’humanité de meurtre, torture, emprisonnement et autres actes inhumains ont été commis dans le cadre d’une attaque généralisée et systématique contre des manifestants et d’autres civils considérés comme susceptibles de se joindre aux protestations ou de les soutenir».

«La réponse brutale était une stratégie calculée et bien coordonnée de l’ancien gouvernement pour s’accrocher au pouvoir face à une opposition de masse», a estimé le haut-commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk. «Il existe des motifs raisonnables de croire que des centaines d’exécutions extrajudiciaires, d’arrestations et de détentions arbitraires massives, et de tortures ont été perpétrées au su, avec la coordination et sous la direction des dirigeants politiques», poursuit-il.

La mobilisation contre le pouvoir avait débuté en juillet 2024 après une décision de justice autorisant le retour de quotas d’emplois publics : une mesure qui avait été vue comme une possibilité pour la cheffe du gouvernement de confier des postes gouvernementaux à des personnes à sa solde. Sheikh Hasina, qui dirigeait le Bangladesh d’une main de fer depuis 2009, a fui son palais et trouvé refuge en Inde le 5 août, après plusieurs semaines d’émeutes réprimées dans le sang. Inculpée par la justice bangladaise de crimes contre l’humanité, l’ex Première ministre a fait l’objet de plusieurs mandats d’arrêt internationaux.

Un gouvernement provisoire, mené par le Prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, a pris les rênes du pays jusqu’à des élections générales, annoncées pour fin 2025 ou début 2026.

Libération

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