«Tonton», «le péquin moyen» et le «Grêlé» : comment un gendarme à la retraite a aidé à résoudre un cold case

Chaque matin, Claude Félix, 78 ans, part en balade. Son genou lâche un peu. Ses yeux sont atteints par une dégénérescence maculaire due à l’âge, alors il faut faire du sport. Conseil du médecin. Depuis sa maison en colombages – il préfère que l’on dise «pans de bois» – située à Joncreuil, un village de l’Aube, il parcourt des kilomètres par les sentiers environnants. Cela fait près de vingt ans qu’il vit dans le coin, pourtant il remarque tout juste des plantes inconnues et s’émerveille des calvaires disséminés dans la campagne. Le reste du temps, il joue aux cartes avec les vieux copains (il préside le «club des nouveaux retraités de Joncreuil») et s’occupe de la restauration du clocher «en dôme impérial» de l’église (il préside aussi «l’association de sauvegarde du clocher»). «Hier, j’étais à une réunion pour une autre asso, ajoute-t-il. Pour la Libération, on va raconter l’extraction d’un pilote de la Royal Air Force et l’histoire des familles qui l’ont caché.» Mais même à la retraite, même très occupé, un ancien gendarme, ça reste un vigilant.

Un jour de septembre 2024 tandis qu’il regarde un documentaire sur le «Grêlé», ce tueur en série qui, pendant trente-cinq ans, a mis en déroute les enquêteurs de la brigade criminelle de Paris, une vieille image se fige dans l’esprit de Claude Félix. Ou plutôt une scène de crime : un homme d’une quarantaine d’années est attaché à un arbre dans la forêt de Saint-Aubin. Il a été tué d’une ball