:quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/PAISKRLTQBAJBMW7FZYRJ4RZL4.jpg)
Retrouvez sur cette page toute l’actualité du polar et les livres qui ont tapé dans l’œil de Libé. Et abonnez-vous à la newsletter Libé Polar en cliquant ici.
Benjamin Dierstein avait déjà bousculé ses lecteurs entre 2018 et 2022 avec une trilogie sur la France des années 2011 à 2013. La Sirène qui fume, la Défaite des idoles, la Cour des Mirages (tous publiés en poche chez Points) plongeaient avec délectation dans les mondes très poreux de la politique et du crime au temps de Sarkozy. Les intrigues tenaient bon, le style était sauvage et la documentation rigoureuse sans jamais prendre le pas sur le romanesque. On citait déjà James Ellroy, à juste titre.
Dierstein revient avec une nouvelle trilogie galvanisante dont le premier tome se situe en 1978, en compagnie de Giscard d’Estaing, Pierre Goldman, Jacques Mesrine et même Alain Delon. De l’actualité bien joufflue et des personnalités bien connues qui ne font pas d’ombre aux héros de ce nouveau roman noir politique, social et satirique, de ce grand western en technicolor qui vous secoue sans ménagement.
Autre polar
Il y a des flics bien sûr, de jeunes recrues sorties de l’école de police tel Marco Paolini, grande gueule compétente qui en veut, ou Jacquie Lienard, jeune et belle femme qui sait batailler dans ce monde de mecs à gros bras. Tous cherchent un certain Géronimo : «Un mercenaire d’extrême gauche qui vend son cul aussi bien à Kadhafi qu’au FPLP, et qui serait en train de former des révolutionnaires français à la guérilla en échange de leur soutien à la cause palestinienne.» Un trafiquant de haute volée qui se glisse partout comme une anguille.
Pas bien loin se tient aussi le brigadier Gourvennec qui veut infiltrer les groupes gauchistes et apprend par cœur la Société du spectacle de Guy Debord sans rien y comprendre. Ne pas oublier le mercenaire Vauthier qui préfère les nuits parisiennes bouffies de drogue, d’alcool et de prostituées compétentes. Tout ce petit monde propose une visite guidée d’une France en fin de règne avec la chute de Bokassa en Centrafrique, les diamants de Giscard qui vont précipiter son déclin, les nuits au Palace, les gardes du corps d’Alain Delon et la grande pègre. La fresque vaut le détour, l’écriture est en permanence énervée et la violence souvent insupportable.
A la fin de ce premier volet, Benjamin Dierstein tient son lecteur en laisse. On attend tous la suite en le traitant de voyou mais les coutures sont solides. Il faut bien reconnaître qu’il sait de quoi il parle, ce Breton musicien, car c’est aussi la France d’aujourd’hui qu’il découpe au scalpel. Le sourire en coin, il compose une leçon de politique qui a tout l’air d’un éternel recommencement. Il autopsie le corps de l’Etat et ça ne sent pas la rose.
Bleus, Blancs, Rouges de Benjamin Dierstein, éditions Flammarion, 794 pp, 24,50 €.
Leave a Comment