Chalon-sur-Saône : il faut sauver la Méandre !

Un iceberg est cette masse troublante à flot sur l’océan. D’une densité inférieure à celle de l’eau, ces montagnes de glace dérivent sans couler. A l’heure où la fonte de son budget rejoint celle de la banquise, «l’iceberg culturel» surnage encore. Au sommet, certain·es artistes, auteur·ices, compagnies et structures bien installé·es continuent de briller tant que l’institution le permet, tant pis si c’est cap au pire.

Juste en dessous, un microcosme s’active, moins visible et pourtant gigantesque. Des lieux intermédiaires, occupés d’une façon ou d’une autre font battre le cœur des villes et des campagnes sur une autre fréquence, imprévisible. Dans l’inhabité, dans les interstices en mutation s’installent des collectifs, des compagnies, des gens qui déploient une énergie démentielle pour mettre en œuvre des projets culturels, sociaux, politiques. Jouissant d’une certaine autonomie, ces groupes subissent en retour la précarité des contrats d’occupation des lieux hébergeant leurs activités, même lorsqu’ils bénéficient du soutien des pouvoirs publics.

Si nous rédigeons cette tribune, c’est que la Méandre (notre collectif, une quarantaine de personnes) fait partie de ce microcosme et que depuis le 1er janvier nous occupons sans droits ni titres les hangars dans lesquels nous avons été installés en 2010 à Chalon-sur-Saône. Face au silence des institutions, nos emplois, nos activités et ces hangars sont aujourd’hui voués à la destruction.

Or, la Méandre évolue entre les deux faces de