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L’avenir de l’Europe se joue ces jours-ci : samedi 15 février à la Conférence sur la sécurité de Munich, lundi au mini-sommet européen de Paris, ce mardi à Riyad lors de la première rencontre de haut niveau depuis trois ans entre responsables américains et russes. Et si, à la fin de cette semaine, le rapport de force avec les Etats-Unis et la Russie reste défavorable au Vieux Continent, il faut se préparer à une période d’instabilité et de solitude extrêmement dangereuse, a minima pour les quatre ans à venir. En gros, l’Amérique ne peut plus être considérée comme une alliée.
Son président, qui n’a que les mots «business» et «emmerdement minimum» en tête, a lâché les Européens : ils lui coûtent trop cher ; ils sont trop compliqués à gérer ; ils incarnent tout ce qu’il exècre (l’Etat de droit, le multilatéralisme, la défense des minorités, etc.). Et surtout ils s’entêtent à soutenir l’Ukraine, entretenant à ses yeux un conflit armé qu’il a un jour imprudemment promis d’arrêter en vingt-quatre heures. Il n’y sera évidemment pas parvenu, mais s’il peut annoncer, un mois après son entrée en fonction et trois ans après le début de la guerre qu’il a réglé le problème, alors il aura l’impression d’avoir fait le job. Et tant pis si c’est un cadeau avec un gros nœud rouge à Vladimir Poutine, ou plutôt tant mieux, estime-t-il, puisqu’il est décidé à redonner à son homologue russe sa place sur la scène internationale.
Le président français peut bien dire qu’il s’agit là d’une «capitulation», certains experts ont beau prédire à brève échéance une nouvelle guerre en Europe, ce n’est pas son problème. Même s’il est tard, il est encore temps pour les Européens de réagir, de serrer les rangs et bâtir enfin une défense européenne. Le britannique Keir Starmer semble prêt à regagner le giron de l’Europe, Emmanuel Macron a beaucoup de défauts mais c’est un fervent Européen, le futur chancelier allemand ne pourra pas être plus mou qu’Olaf Scholz (espérons que l’extrême droite ne fasse pas une percée surprise dimanche), et la Pologne de Donald Tusk est au taquet, militairement et économiquement. Enfin, la Chine, qui voit d’un mauvais œil le rapprochement américano-russe en cours, ne restera certainement pas inerte. L’Europe garde donc quelques atouts dans sa poche. Mais elle doit les sortir très vite.
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