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Chose promise, chose due. Comme annoncé il y a plusieurs semaines déjà, les socialistes ont déposé, ce lundi 17 février dans la soirée, une motion de censure contre le Premier ministre François Bayrou. L’initiative, cette fois, n’a pas pour but de répondre à un 49.3 que le locataire de Matignon aurait déclenché pour faire adopter le budget sans vote, mais plutôt d’envoyer un message au gouvernement.
«C’est un rappel à l’ordre. Elle vise à dire que si l’on peut trouver des compromis sur les questions budgétaires, l’état de droit ne se négocie pas», explique le président du groupe PS à l’Assemblée Boris Vallaud. Une allusion à l’utilisation par le Béarnais de l’expression «sentiment de submersion» migratoire à la télévision puis dans l’hémicycle du Palais Bourbon. «Ne rien faire après de tels propos aurait été une faute», estime un député rose.
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Car, le 27 janvier dernier, les socialistes ont eu un haut-le-cœur en entendant, sur LCI, François Bayrou employer ce terme cher à l’extrême droite puis les maintenir le lendemain devant les députés. A tel point, que le PS qui négocie encore avec le gouvernement sur le budget décide de ne pas se rendre à une réunion avec l’exécutif. L’évènement relance de plus belle le débat sur la censure qui traverse le parti à la rose et au poing.
La frange socialiste convaincue avant cela qu’il faut censurer le Premier ministre se voit confortée dans son idée. Les autres, opposés à toute censure au nom de la stabilité voient leurs convictions bousculées. «Tout le monde a été retourné. Ils ne se rendent pas compte de l’importance de la dimension morale pour nous», soufflait alors le député du Calvados Arthur Delaporte.
Il est finalement décidé que le PS ne soutiendrait pas les motions déposées par les insoumis en réponse aux différents 49.3 utilisés par le Premier ministre. En revanche, les socialistes annoncent, au moment de rendre publique leur décision, qu’ils déposeront, eux-mêmes, une motion de censure une fois que le budget serait adopté au nom des «valeurs». «Après les propos de Bayrou, on s’est réuni immédiatement en se disant qu’il fallait avoir une position forte», raconte le président du conseil départemental de Haute-Garonne, Sébastien Vincini. Le PS a alors mis quelques juristes sur le coup pour voir ce qu’il était possible de faire et a estimé que le mieux serait donc une motion de censure. Un bon moyen de démontrer que les roses demeurent bien dans l’opposition malgré leurs choix d’épargner Bayrou sur la question budgétaire. Et d’essayer de convaincre les plus énervés par le Béarnais, tentés d’ajouter leurs voix aux motions des insoumis, de bien suivre la ligne définie par le parti en expliquant qu’ils pourraient voter celle du PS. Avec un résultat mitigé, six socialistes n’ont pas respecté la règle fixée.
En tout cas, la stratégie du PS n’a pas vraiment convaincu les membres des autres partis de gauche. Les insoumis, en guerre avec les socialistes depuis leur refus de censurer Bayrou sur le budget, dénoncent une tentative de «diversion» des députés roses. «C’est une volonté de se différencier, estime aussi une parlementaire écologiste. On assiste à la crise d’adolescence du PS qui veut à tout prix montrer qu’il n’est pas dans la main des insoumis.» Dans les rangs du (feu ?) Nouveau Front populaire, d’aucuns croient surtout que le Parti socialiste tente, par cette initiative, de se racheter une image d’opposant sans vouloir vraiment faire tomber le gouvernement. D’autant que l’ancien président de la République, François Hollande, redevenu député de Corrèze, ajoute du flou en affirmant que si le Rassemblement national venait à soutenir la motion – ce qui permettrait de renverser Bayrou -, le PS ne voterait finalement pas son texte car il «n’est pas fait pour renverser le gouvernement, [mais] pour l’interpeller». Une position personnelle, et «absurde» selon le premier secrétaire du PS Olivier Faure qui estime qu’une chute du gouvernement ne serait pas un «malheur».
Il n’empêche que l’examen de la motion qui devrait se tenir ce mercredi à de grandes chances de ne relever que de la symbolique. Car si la gauche tout entière votera le texte, le Rassemblement national a confirmé ce dimanche que ce ne sera pas son cas. «Non, nous ne voterons pas [la motion de censure] parce que le Parti socialiste l’a déposée pour une seule et unique raison : revenir et contester les propos de bon sens, même s’ils sont insuffisants, du Premier ministre qui a parlé d’un sentiment de ‘’submersion» migratoire», a estimé dimanche sur France Inter Thomas Ménagé, député RN du Loiret. Sans l’extrême droite, le seuil des 289 députés nécessaire pour faire adopter la censure ne peut être atteint.
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