Airbnb fait face à une campagne de boycott après que son cofondateur, Joe Gebbia, a rejoint les équipes de Musk

Airbnb fait face à une campagne de boycott après que son cofondateur, Joe Gebbia, a rejoint les équipes de Musk

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Dans le «community center» d’Airbnb, un espace dédié à la conversation entre les hôtes utilisateurs de la plateforme, Joanna s’interroge depuis le Canada : «Il n’y a que moi qui suis inquiète du fait que Joe Gebbia rejoigne le Doge [département de l’Efficacité gouvernementale, dirigé par Elon Musk, ndlr] ? Est-ce qu’il tire toujours un revenu d’Airbnb en étant membre du conseil d’administration ? Ça me rend vraiment triste parce que je ne peux pas encourager un mec comme ça. J’aime beaucoup les services d’Airbnb et la facilité d’utilisation en tant qu’hôte.» En réponse, plusieurs dizaines d’internautes partagent leurs conseils pour transférer leur business de location de logements sur d’autres plateformes.

Ces échanges ont lieu le 18 février. Quatre jours auparavant, le New York Times a révélé qu’un des cofondateurs d’Airbnb, le milliardaire Joe Gebbia, «va jouer un rôle dans l’administration Trump pour aider Elon Musk à mener à bien sa mission de sape de la bureaucratie fédérale» américaine. Il devrait, écrit le quotidien, «faire ses premiers pas rapidement dans l’équipe de Musk, le département de l’efficacité gouvernementale», ou «Doge», pour «Department of Government Efficiency». Créée par Donald Trump le jour de son investiture, cette commission officieusement dirigée par le patron de X et de Tesla, s’emploie à mener une violente purge administrative.

Parallèlement, sur X, des publications relayées plusieurs milliers de fois incitent au boycott d’Airbnb, en tant que voyageur. A l’heure actuelle, un éventuel mouvement d’exode, qu’il soit de la part des locataires ou des loueurs, paraît difficile à mesurer. Le 20 février, le journal The San Francisco Standard a tout de même relayé plusieurs témoignages d’hôtes ayant décidé de retirer toutes leurs annonces de la plateforme.

Celui qui, designer de formation, imagine en 2008 le concept d’Airbnb aux côtés de Brian Chesky (actuel CEO) et Nate Blecharczyk, s’affiche d’abord longtemps en soutien du camp démocrate. En 2018, ils prennent tous les trois position contre la politique de Trump menée à la frontière mexicaine, où des enfants sont arrachés à leurs familles migrantes. Avec une fortune estimée à près de 8 milliards de dollars, il a, selon Forbes, donné 200 000 dollars à la campagne d’Hillary Clinton en 2016, 225 000 dollars à celle de Biden en 2020. En 2023, les sommes baissent drastiquement : il donne 26 000 dollars au fond de Kamala Harris et 10 000 dollars au comité national démocrate.

En réalité, voilà plus de deux ans que des indices pouvaient laisser penser à un revirement politique. Pour beaucoup, cette récente allégeance à l’administration Trump n’a rien d’une surprise, car l’entrepreneur a déjà par le passé collaboré avec Musk.

En juillet 2022, Joe Gebbia annonce se mettre en retrait de ses responsabilités chez Airbnb. Il reste néanmoins membre du conseil d’administration et conserve – encore aujourd’hui – un nombre significatif de parts dans l’entreprise. Trois mois plus tard, il devient membre du conseil d’administration de Tesla. D’après le New York Times, il est l’un des «plus proches amis» d’Elon Musk.

Sur X le 19 janvier, il affirme avoir voté Trump aux dernières élections. «J’ai un aveu à faire, écrit-il. J’ai fait quelque chose de mal, une chose pour laquelle une jeune version de moi-même m’en aurait voulu à mort. J’ai voté républicain en novembre dernier.» D’après lui, «les démocrates» pour qui il a voté «toute sa vie ne sont plus le même parti qu’avant» et «se sont perdus». A propos de Donald Trump, il écrit qu’il «n’est pas un fasciste déterminé à détruire notre démocratie. Il tient beaucoup à notre pays, à des villes sûres, à l’efficacité du gouvernement».

Dans cette même publication, il s’affiche comme un grand supporter de «RFK», Robert F. Kennedy Jr, neveu du président Kennedy et éminente figure antivax et conspirationniste, dont la nomination à la tête du ministère de la Santé vient d’être validée par le Sénat américain. Joe Gebbia écrit à son sujet : «J’ai regardé ses idées avec un esprit ouvert. J’ai trouvé que c’est exactement ce dont notre pays a besoin. Désespérément.»

Enfin, toujours sur X, Gebbia vante les mérites du Doge, dont «il adore l’initiative». Une déclaration d’amour aux 4,5 millions de vues, un mois pile avant de prendre ses nouvelles fonctions.

Du côté d’Airbnb, un porte-parole a tenu à réaffirmer les distances prises par Joe Gebbia avec l’entreprise, auprès du San Francisco Standard : «Airbnb n’a jamais été réduit à l’opinion d’une seule personne. Notre communauté est faite de millions d’hôtes et de centaines de millions d’utilisateurs avec des parcours de vie différents» peut-on lire. Auprès de CheckNews, l’entreprise confirme : «Joe Gebbia a rejoint le DOGE à titre personnel. Bien qu’il continue de siéger au conseil d’administration d’Airbnb, Joe n’a joué aucun rôle opérationnel au sein de l’entreprise depuis juillet 2022, et ses activités personnelles n’ont aucune incidence sur les activités quotidiennes de l’entreprise ni sur son processus décisionnel.»

Airbnb n’a pas répondu à CheckNews concernant un éventuel impact du mouvement de boycott. En attendant, sur le community center, un hôte s’adresse directement au conseil d’administration. Inquiet pour son propre business face à la campagne de boycott, il les enjoint à prendre une décision concernant Joe Gebbia. «Je suis très inquiet qu’un autre milliardaire ait décidé de participer à la mise à sac du gouvernement fédéral. Mais je suis encore plus inquiet que les huit années de dur labeur que nous avons investies avec ma femme dans notre location soient effacées en quelques mois par les mauvais choix d’un membre de votre conseil d’administration. Ce boycott est réel et gagne en force. Si votre CA ne se soucie pas de mon bien-être économique, je vais devoir mettre mes locations ailleurs.»

clarification

Edit lundi 24 février 18h30 : ajout de la réaction d’Airbnb auprès de CheckNews

Libération

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