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Pas de mise en scène macabre. Le Hamas a remis dans la nuit et en toute discrétion, les dépouilles de quatre otages israéliens. Israël, qui avait exigé que la remise se fasse «sans cérémonies du Hamas», contrairement aux précédents échanges, a réceptionné les cercueils de «quatre otages tombés» et indique avoir entamé le processus d’identification. Tôt ce jeudi matin, le kibboutz Nir Oz a confirmé la mort d’un de ses membres, Itzik Elgarat et un peu plus tard, celui du dernier Franco-Israélien, Ohad Yahalomi. Il avait 49 ans le jour de son enlèvement lors de l’attaque du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023. Il est le deuxième des quatre otages dont les corps ont été rendus dans la nuit à être identifié.
Dans le même temps, un bus transportant des détenus palestiniens libérés est arrivé à Ramallah, en Cisjordanie occupée, où les ex-prisonniers ont été accueillis par une foule en liesse, a constaté un journaliste de l’AFP. Portant le traditionnel keffieh et des vestes pour couvrir leurs uniformes de prison, les prisonniers libérés sont descendus du bus devant une foule compacte qui les a acclamés, avant de se soumettre à un rapide bilan de santé. Des sources de sécurité et des témoins ont par ailleurs fait état de l’arrivée de centaines de prisonniers à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
Selon les médias israéliens, les quatre otages dont les corps devaient être restitués sont Ohad Yahalomi, Tsachi Idan, Itzik Elgarat et Shlomo Mansour, confirmant ainsi les identités publiées plus tôt par le Hamas. Deux responsables du mouvement islamiste palestinien avaient affirmé à l’AFP que 625 prisonniers palestiniens seraient libérés en échange. Selon une de ces sources, il s’agit de 602 Palestiniens qui auraient dû sortir de prison le 22 février en échange de six Israéliens relâchés par le Hamas, et de 23 femmes et mineurs.
Il s’agit du dernier échange prévu dans le cadre de la première phase de la trêve négociée via la médiation de trois pays – Qatar, Egypte, Etats-Unis – et entrée en vigueur le 19 janvier dans la bande de Gaza après quinze mois de guerre. La première phase de la trêve doit s’achever le 1er mars. En incluant les restitutions de la nuit, elle a permis le retour en Israël de 33 otages, dont huit décédés. Environ 1 700 Palestiniens ont été libérés.
Le Hamas a confirmé jeudi avoir réceptionné «600 prisonniers» et estimé qu’Israël n’avait désormais «pas d’autre choix» que d’entamer des négociations pour la deuxième phase du cessez-le-feu. «Il n’a pas d’autre choix que de démarrer des négociations pour la deuxième phase», a jugé le mouvement islamiste palestinien dans un communiqué, assurant avoir fait en sorte qu’Israël ne puisse pas avoir de «fausses excuses» pour faire échouer le processus.
L’incertitude pèse sur la suite du cessez-le-feu : les termes de la deuxième étape, censée débuter le 2 mars et déboucher sur la fin définitive de la guerre et la libération de tous les otages encore retenus à Gaza, n’ont toujours pas été négociés. Mercredi encore, l’armée israélienne a indiqué avoir frappé des postes de lancement de projectiles à Gaza, après avoir identifié plus tôt un tir, retombé dans le territoire palestinien.
Mardi soir, l’émissaire du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a cependant fait état de «beaucoup de progrès» en vue d’une reprise des pourparlers. Il a annoncé qu’Israël envoyait une équipe de négociateurs «soit à Doha soit au Caire, où les négociations vont commencer». Israël n’a pas confirmé cette information. Le Hamas s’était auparavant dit prêt à remettre à Israël tous les otages restant «en une seule fois» durant cette deuxième phase.
Avant l’échange de la nuit, sur les 251 otages enlevés le 7-Octobre en Israël, 62 étaient toujours retenus à Gaza, dont 35 morts, selon l’armée israélienne.
En Israël, des dizaines de milliers de personnes ont salué mercredi le long des routes le passage du cortège funéraire de Shiri Bibas et ses deux petits garçons, tués en captivité à Gaza et devenus le symbole de la tragédie des otages. La semaine dernière, le retour de leurs dépouilles avait profondément ému en Israël et au-delà. «Shiri, je vous demande pardon pour ne pas avoir pu vous protéger», a lancé son époux, Yarden Bibas, libéré de Gaza le 1er février, dans son éloge funèbre empreint d’émotion, dans un cimetière près du kibboutz Nir Oz, dans le sud d’Israël, où la famille avait été enlevée.
Lors des funérailles, la famille a demandé à tous les responsables israéliens d’assumer la responsabilité de la mort de leurs proches en captivité. «Ils auraient pu vous sauver mais ont préféré la vengeance», a lancé Ofri Bibas, belle-sœur de Shiri.
L’attaque du Hamas a entraîné la mort de 1 215 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes et incluant les otages morts ou tués en captivité. Au total, 251 personnes avaient été enlevées. L’offensive israélienne menée en représailles à Gaza a fait au moins 48 319 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
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