GR-956-ZV. Le numéro d’immatriculation de l’Audi bleu foncé est bien visible sur le cliché. Ce qui n’est pas le cas des visages de ses passagers et de son conducteur. Mais pour les autorités belges, il pourrait s’agir des parents de Santiago, ce grand prématuré de 17 jours qu’ils sont soupçonnés d’avoir enlevé dans la nuit de lundi à mardi d’une maternité d’Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis. La police fédérale belge a diffusé hier une « child alert », un avis de recherche pour tenter d’obtenir les informations qui leur permettraient de localiser Kevin D., 23 ans, Christina N., 25 ans, et surtout le nouveau-né. « Il a besoin de soins médicaux urgents », rappelle-t-elle.
La zone de recherche se concentre désormais autour de Charleroi. C’est dans cette ville Wallonne située entre Bruxelles et Maubeuge qu’a été retrouvée, ce mercredi matin, la voiture des suspects, a indiqué la police locale. Par ailleurs, selon BFMTV, les parents ont été filmés à une quarantaine de kilomètres de là, par les caméras de vidéo surveillance d’un hôtel de Mons. Ils auraient quitté l’établissement vers 11 heures. Les policiers estiment que Santiago était encore avec eux.
Décision d’enquête européenne
Très vite après l’enlèvement du bambin, les enquêteurs français de la police judiciaire parisienne ont suspecté ses parents d’avoir gagné la Belgique avec le nourrisson. Eric Mathais, le procureur de Bobigny, a indiqué dans un communiqué avoir adressé une décision d’enquête européenne aux autorités judiciaires belges. « C’est un dispositif qui existe depuis 2017, grâce à l’application d’une directive européenne. Son objectif est de faciliter et d’accélérer les enquêtes transfrontalières. Une décision d’enquête européenne se transmet directement de magistrats à magistrats, parfois en urgence. Elle doit être exécutée par le pays destinataire comme si elle provenait de sa propre autorité nationale. Tous les actes d’investigation peuvent être réalisés par les enquêteurs étrangers : auditions de témoins, recherches dans les fichiers, écoutes téléphoniques, gel d’avoirs, investigations bancaires… », explique à 20 Minutes une source au ministère de la Justice.
Les investigations se poursuivent de l’autre côté de la frontière pour retrouver Santiago. Il faut faire vite. « L’espérance de vie du nourrisson n’est que de quelques heures », indiquait mardi une source policière à 20 Minutes. Le personnel du service néonatalité de l’hôpital Robert Ballanger, dans lequel se trouvait ce grand prématuré, a été alerté vers 23 heures par le débranchement des capteurs cardiaques. Au même moment, Kevin D. et Christina N. ont été aperçus quittant la maternité avec un sac cabas noir. Les policiers les soupçonnent d’avoir dissimulé le nourrisson à l’intérieur et d’avoir ensuite pris la fuite en voiture.
« Ils ont bossé toute la nuit »
« Trois autres personnes se trouvaient dans le véhicule de couleur clair », indique Eric Mathais. Les forces de l’ordre ont bien tenté de joindre la mère au téléphone. Mais en vain. Ils se sont rendus aux adresses déclarées par les parents et ont tenté de les contacter par l’intermédiaire de membres de leur famille. Nouvel échec. Au petit matin, le parquet de Bobigny a déclenché le plan alerte enlèvement. « Les magistrats et les enquêteurs ont bossé toute la nuit à partir du moment où les faits ont été signalés », précise une source place Vendôme, ajoutant qu’ils n’ont pas attendu la diffusion de l’alerte enlèvement pour auditionner des témoins et tenter de localiser les parents. « Et il faut avoir des informations suffisamment précises à disposition pour pouvoir les donner par le biais de l’alerte enlèvement. »
Les enquêteurs ont interpellé mardi cinq personnes, âgées de 16 à 29 ans, à Livry-Gargan et les ont placées en garde à vue pour « enlèvement en bande organisée d’un mineur de 15 ans ». Ils espèrent recueillir une information leur permettant de retrouver très vite Santiago. Ce mercredi, ces cinq personnes étaient toujours entendues par les policiers.
Quant à l’alerte enlèvement, elle a depuis été levée. Elle « n’était plus utile puisque les parents avaient à l’évidence quitté le territoire national », explique le procureur de Bobigny ce mercredi. « Son objectif, c’est d’envoyer un message massif à la population pour susciter des témoignages, souligne-t-on au ministère de la Justice. Elle a été diffusée toute une journée et a touché toutes les personnes possibles sur le territoire français. »
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