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François Bayrou est revenu dans un entretien au Figaro mis en ligne ce jeudi 27 février au soir sur plusieurs chantiers de son gouvernement. Libé revient sur les principales déclarations du Premier ministre.
Le locataire de Matignon a annoncé le lancement de «conventions citoyennes décentralisées» au cours du premier semestre 2025 pour débattre de la question : «Qu’est-ce qu’être français ?». «Une question qui taraude notre temps», estime François Bayru et qui concerne aussi bien «ceux qui naissent français que […] ceux qui nous rejoignent». François Bayrou avait souhaité élargir le débat sur le droit du sol à cette question sensible, relative à l’identité nationale et à l’immigration. Lui qui avait fait polémique en évoquant un «sentiment de submersion» migratoire, en avait lancé l’idée au lendemain de l’adoption par les députés d’une proposition de loi portée par la droite, visant à durcir les restrictions au droit du sol à Mayotte. Aux «trois vertus républicaines, liberté, égalité, fraternité» qui fondent la «nation», le chef du gouvernement suggère aussi pour ce débat d’«ajouter la laïcité et le contrat social».
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Au premier jour des concertations entre les partenaires sociaux sur la réforme des retraites de 2023, dont le syndicat Force ouvrière a claqué la porte, le Premier ministre réaffirme que «si personne ne se met d’accord […] on en restera au système antérieur, défini en 2023». Il a par ailleurs estimé auprès du Figaro qu’en cas de «blocage» dans les négociations, il ne s’empêchait pas de demander aux électeurs, très majoritairement opposés à la réforme de 2023, de trancher : «J’ai toujours dit que lorsque des questions sont bloquées, lorsqu’il n’y a pas de résolution possible, le référendum est une issue.» Le Premier ministre demande désormais aux partenaires sociaux de rétablir l’équilibre du système dans cinq ans ; c’est-à-dire trouver 6 milliards d’euros d’économies supplémentaires d’ici à 2030. Une exigence pas nouvelle, mais cette fois assortie d’un délai.
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Pour le Premier ministre, la crise diplomatique entre la France et l’Algérie «ne vient pas du gouvernement français, elle vient du refus des dirigeants algériens de remplir les obligations auxquelles ils sont engagés». Après l’attentat de Mulhouse, commis par un ressortissant algérien sous obligation de quitter le territoire français, mais que l’Algérie a refusé d’accueillir, le chef du gouvernement avait déjà haussé le ton en annonçant vouloir «réexaminer la totalité des accords» entre les deux pays. Ce jeudi, il répète : «Si l’accord [de 1968] n’est pas respecté, l’accord sera dénoncé. Ce qui est autre chose qu’une dénonciation brutale. Les relations entre la France et l’Algérie sont marquées d’une singularité historique très importante. Elle est essentielle pour beaucoup de nos concitoyens d’origine algérienne. Tous souffrent de la situation qui est créée.»
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Quelques jours après le troisième anniversaire du début de la guerre en Ukraine, François Bayrou dit ce jeudi souhaiter que les dépenses militaires soient exclues des règles européennes sur les déficits : «Je partage les idées de ceux qui disent : “Dans des circonstances si dangereuses, il faut qu’on exclue les dépenses militaires des règles européennes sur le déficit”». Le Pacte de stabilité et de croissance qui lie les pays de la zone euro leur impose de limiter le déficit public à 3 % du produit intérieur brut (PIB), sauf circonstances exceptionnelles. La France peine chroniquement à le respecter, et François Bayrou vise 5,4 % de déficit en 2025.
Mais les Européens doivent désormais faire face à la pression née de l’élection de Donald Trump et de son rapprochement avec la Russie pour mettre fin au conflit en Ukraine. Pour assurer la sécurité de Kyiv et la leur, l’Allemagne comme la France prêchent pour une autonomie stratégique qui demanderait une hausse des budgets de dépense, le milliardaire new-yorkais leur intimant depuis son retour à la Maison Blanche d’accroître ces budgets à 5% de leur PIB. Dans ce contexte, François Bayrou note que la France «a fait les efforts que les autres ne faisaient pas, en construisant son appareil industriel de défense. C’est un atout considérable.» Le Premier ministre se dit d’ailleurs favorable à une alliance militaire à l’échelle européenne, sans les Etats-Unis : «Une organisation de la défense européenne sera la seule solution envisageable».
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Questionné sur l’affaire Bétharram, dans laquelle une plainte pour non-dénonciation de crime et délit a été enregistrée à son encontre, François Bayrou a ciblé les insoumis : «Quand on ne peut pas abattre quelqu’un politiquement, on essaie de faire naître un scandale contre lui, et si l’on n’y parvient pas, on cherche ce qui le blesse le plus : sa femme [mise en cause par une ancienne enseignante de Bétharram, nlr] et ses enfants. S’il se tait, il est coupable. Et s’il dit quelque chose, on rebondit dessus pour que l’affaire soit de plus en plus enflammée.» Le Premier ministre assure une nouvelle fois avoir «fait ce qu’il fallait», du temps où il était ministre de l’Education nationale.
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