Césars 2025 : comment se déroule le vote pour désigner les lauréats ?

Qui succédera à Sandra Hüller comme meilleure actrice ou à Raphaël Quenard comme révélation masculine ? La réponse tombera ce vendredi 28 février à l’Olympia à l’occasion de la 50e cérémonie des césars, présidée cette année par Catherine Deneuve. Les lauréats auront été élus par 4 951 votants (55 % d’hommes, 45 % de femmes en 2025) répartis en 10 collèges électoraux. Ils sont composés à 80 % d’acteurs, réalisateurs, auteurs, techniciens, producteurs, directeurs de casting ou représentants des industries techniques. Les 20 % restants sont les distributeurs, vendeurs internationaux, exploitants, attachés de presse, agents artistiques et les membres associés.

Le vote se déroule en deux temps. Le premier tour, celui du choix des nommés, a débuté le 2 janvier et s’est clos le 28 janvier. Une fois les nominations décidées, les membres ont commencé à désigner leur favori dans chaque catégorie. Un vote pour déterminer les lauréats qui prendra fin ce vendredi à 16 heures, juste avant la cérémonie.

Tous font partie de l’Académie des arts et techniques du cinéma, l’Académie des césars. Pour cela, il leur a fallu remplir deux conditions : avoir été sélectionné par l’Académie selon des critères d’ancienneté et via deux parrainages, et s’être acquitté d’une cotisation annuelle de 90 euros. Les nommés des années précédentes font eux aussi partie des votants. Un système dénoncé pour l’entre-soi qu’il entretiendrait. En 2024, le collectif 50/50, qui promeut l’égalité et l’inclusion dans le cinéma, avait déploré «le manque de diversité parmi les nominations aux césars», tout en précisant : «Nous ne pouvons nous en étonner.» Dans une interview accordée au HuffPost, Fanny De Casimacker, déléguée générale du collectif, mettait en cause les critères d’admission et prenait l’exemple de la distribution pour expliquer que «pour devenir membre de l’Académie, il faut être chef de poste, être dans la direction de boîtes et être parrainé par deux personnes. Donc il faut déjà avoir un réseau, déjà être dans la “famille du cinéma”», regrettait-elle.

De son côté, Lahoucine Grimich, coprésident de l’association, résumait : «ce système de cooptation, tel qu’il est aujourd’hui, est un système qui privilégie l’entre-soi», même si parmi les 4 951 votants, les producteurs ou les directeurs de castings côtoient des professions moins élitistes, des techniciens par exemple. L’uniformité prétendue du jury s’était répercutée, selon le collectif, sur la sélection des nommés en 2024 où aucun acteur et actrice nommés pour les césars des meilleurs espoirs féminin et masculin n’était issu de la diversité. Cette année, la tendance est allée vers l’inclusivité avec à chaque fois plusieurs interprètes racisés dans les catégories phares : Karim Leklou (meilleur acteur dans le Roman de Jim), Hafsia Herzi (meilleure actrice dans Borgo), Malik Frikah (révélation masculine dans l’Amour ouf). L’Histoire de Souleymane, qui décrit quarante-huit heures de la vie d’un demandeur d’asile guinéen, pourrait aussi créer la surprise pour le césar du meilleur film ou celui de la révélation masculine (Abou Sangaré).

Mais c’est aussi la part de techniciens, toutes branches confondues, parmi les votants qui pose question puisqu’ils forment la profession la plus importante au sein du corps électoral. Dès lors, les superproductions pourraient être avantagées. Si les techniciens votent pour le film auquel ils ont contribué, alors les tournages avec le plus de moyens financiers, et donc le plus de techniciens, pourraient s’assurer un beau réservoir de vote et de récompenses.

D’autant plus depuis 2020 et la fin de l’interdiction de cumuler césar de la meilleure réalisation et césar du meilleur film. Quatre longs-métrages pourraient d’ailleurs faire le doublé : le Comte de Monte-Cristo, Emilia Pérez, Miséricorde et l’Histoire de Souleymane. «Ceux qui ont travaillé sur un film peuvent avoir envie de voter pour lui. Mais cela représente 40, 50 voix, or les résultats se jouent sur 4 900 votants, donc tout reste possible», tempère la réalisatrice Pascale Ferran, membre du bureau de l’Académie. Et si les superproductions, comme l’adaptation du roman d’Alexandre Dumas, sont souvent synonymes de succès au box-office, les bons chiffres en salles ne seront pas récompensés. Cette année, comme c’est le cas depuis 2021, le césar du public n’est plus décerné.

Quoi qu’il en soit, il est impossible de savoir qui aura voté pour quel film. D’ailleurs, les membres de l’Académie votent avant tout pour les films qu’ils ont vus. «Quand je parle avec des votants, ils me disent à peu près tous, toujours, “tant pis je n’ai pas vu ça, mais je ne vote que pour ceux que j’ai vus”», explique Pascale Ferran. Même sur la plateforme regroupant les films en compétition, qui a remplacé en 2021 le carton de DVD que recevaient les votants, les statistiques de visionnages ne sont pas regardées. «Si on demandait ces chiffres, on pourrait peut-être les obtenir. Mais ils n’ont jamais été demandés, par personne. On ne sait rien. Même une fois l’enveloppe ouverte sur scène, on ne peut pas savoir qui est deuxième ou troisième», assure la réalisatrice de Lady Chatterley et Bird People.

Outre-Atlantique, c’est aussi en 2021 que le streaming a remplacé les DVD fournis aux membres du corps électoral des oscars. Parmi les 10 000 personnes environ invitées à voter pour décerner les statuettes d’or lors de la cérémonie qui se tiendra dimanche 2 mars à Los Angeles, certaines font d’ailleurs partie des votants aux césars. S’il est impossible de savoir qui, ni combien elles sont exactement, on sait que, pour les deux soirées, les précédents lauréats ou nommés peuvent prendre part au vote. La réalisatrice Justine Triet, césar de la meilleure réalisation et oscar du meilleur scénario pour Anatomie d’une chute, est par exemple concernée. Avec son film Emilia Pérez, nommé en France et aux Etats-Unis, Jacques Audiard pourrait bien, lui aussi, réussir le doublé, dès dimanche soir.