Pour François Hollande, consacrer 5 % du PIB aux Armées est «excessif» et «inapproprié»

Pour François Hollande, consacrer 5 % du PIB aux Armées est «excessif» et «inapproprié»

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Renforcer l’arsenal français, oui. Mais sans, pour cela, sacrifier le modèle social ou l’aide au développement. Dans un entretien au Monde publié ce vendredi 28 février, François Hollande apporte son point de vue au débat qui revient en France sur «l’effort de guerre» à mener après l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis et le désengagement militaire à venir des Américains sur le sol européen. Alors qu’Emmanuel Macron, lors de son intervention sur les réseaux sociaux il y a un peu plus d’une semaine, a appelé les «Européens» à «augmenter [leur] effort de guerre» et qu’il a mis dans le débat le «chiffre» de 5 % du PIB pour le budget des Armées (contre un peu plus de 2 % actuellement), son prédécesseur juge «excessif, incantatoire et inapproprié» d’y consacrer un tel montant.

«La France consent déjà un effort de défense substantiel, qui s’est amplifié depuis 2015», répond l’actuel député de la Corrèze pour qui «les dépenses militaires ne sont pas tout» et rappelle qu’il ne s’agit «pas d’une affaire de montant, mais d’implication». «Nous devons être décidés à utiliser la force, insiste le socialiste. Tant qu’il y a un doute de la part de nos ennemis sur nos capacités militaires et sur notre crédibilité politique, nous sommes faibles, quelle que soit la somme que nous dépensons.»

L’ex-chef de l’Etat prend exemple sur l’épisode syrien de 2013 : selon lui, «le refus de Barack Obama d’intervenir […] a non seulement été tragique pour les Syriens eux-mêmes, qui ont attendu onze ans avant de se libérer de la dictature de Bachar al-Assad, mais elle a été interprétée par Poutine comme un évident aveu de faiblesse l’autorisant, un an plus tard, à annexer la Crimée et à intervenir par forces interposées dans le Donbass».

L’ancien président de la République se montre donc d’accord pour «augmenter la dépense» dans le domaine militaire et prévient que la politique économique de Trump «va nous infliger un ralentissement sérieux de la croissance» avec «plus de chômage et d’inflation» et donc des «efforts budgétaires encore plus importants pour financer notre sécurité». Mais pas question de soutenir un gouvernement qui déciderait au passage de «sacrifier l’aide au développement comme aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, pour nous éviter quelques contradictions, notamment sur la question migratoire» ou bien «de sacrifier notre modèle social». «Ce serait la meilleure façon d’entretenir une forme de pacifisme, qui confinerait au repli et dont les populistes seraient les premiers à être les porte-parole, juge-t-il. L’extrême droite est toujours pour la paix à n’importe quelle condition. L’histoire l’a montré.»

François Hollande en profite ainsi pour pointer du doigt, sans les nommer, Marine Le Pen et Jordan Bardella en estimant que «l‘extrême droite est […] gênée» sur Trump et l’Ukraine. «Quel est le sens de son “nationalisme” s’il permet à Poutine d’avaler certains de nos voisins et à Trump d’attaquer directement nos intérêts économiques et nos emplois ? interroge-t-il. On verra qui défend la nation et qui ne la défend pas. Vouloir la paix pour la paix, c’est être sûr d’avoir la guerre demain. On en a déjà fait l’expérience.»

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Enfin, pour l’ancien président, le désengagement américain de l’Europe est une opportunité pour la France de pousser son projet de défense commune. Espérant que «la Commission européenne lance rapidement un emprunt commun pour reconstituer nos stocks de matériels militaires», il estime impossible d’avoir une politique de défense commune à 27 mais ciblée avec «quelques pays», dont le Royaume-Uni et l’Allemagne. «Quand j’entends Friedrich Merz [le futur chancelier, ndlr] évoquer une possible “indépendance” vis-à-vis des Etats-Unis, c’est une évolution majeure que nous devons saisir», se félicite-t-il, avant de prévenir : «Mais il n’y aura pas de défense européenne tant que les pays concernés continueront à acheter du matériel américain.»

Libération

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