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Implication
D’après la Corée du Sud, Pyongyang a envoyé 3 000 soldats en Russie pour soutenir Moscou dans sa guerre contre l’Ukraine. La Corée du Nord qualifie cette implication de «rumeurs sans fondement», tandis que Kyiv exige la reddition des combattants.
Le déploiement de soldats nord-coréens en territoire russe ne fait plus de doute. Ce mercredi 23 octobre, les Etats-Unis ont fait part, pour la première fois, de certitudes concernant la présence de soldats nord-coréens en Russie devant être potentiellement mobilisés dans la guerre en Ukraine. «Nous avons la preuve que des troupes nord-coréennes se sont rendues en (..) Russie», a déclaré à des journalistes le ministre américain de la Défense Lloyd Austin. Alors que les responsables américains disaient depuis plusieurs jours ne pas être en mesure de confirmer ces informations, c’est la première fois que Washington évoque des preuves à cet égard. Un haut responsable américain a ensuite précisé que «des milliers de soldats nord-coréens sont en Russie pour s’entraîner», en ajoutant que les Etats-Unis «ne savaient pas ce que serait leur mission ni s’ils iraient se battre en Ukraine».
Pour l’heure, rien n’indique que des soldats nord-coréens combattent déjà en Ukraine et Pyongyang nie toute implication de ses troupes dans ce conflit. Mais d’après la Corée du Sud, une partie de ces militaires sont actuellement en Russie et doivent aller sur le front ukrainien par la suite.
Le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov, a informé pour sa part que les soldats nord-coréens devraient arriver ce mercredi dans la région russe de Koursk, frontalière de l’Ukraine. Un territoire que les troupes russes reprennent progressivement ces dernières semaines, à raison de plusieurs centaines de kilomètres carrés depuis l’offensive surprise déclenchée début août. A Bruxelles, une porte-parole de l’Otan a dit que les pays de l’Alliance atlantique «ont confirmé les preuves du déploiement de troupes de la Corée du Nord en Russie».
1 500 soldats supplémentaires
La semaine dernière, Pyongyang avait déjà déployé des «troupes importantes» – soit 1 500 soldats – en Russie. Mercredi, selon le renseignement sud-coréen, la Corée du Nord a envoyé 1 500 soldats supplémentaires. Une initiative qui porte le total du contingent à 3 000, d’après Park Sun-won, membre du comité parlementaire sur le renseignement, à l’issue d’un briefing avec le Service national du renseignement. Quelque 10 000 soldats nord-coréens doivent être déployés en Russie d’ici à décembre, a-t-il ajouté.
L’Otan a annoncé voir dans ce déploiement le risque d’une «une escalade significative du soutien de la Corée du Nord à la guerre illégale de la Russie». Le ministère allemand des Affaires étrangères a par ailleurs convoqué le chargé d’affaires de la Corée du Nord pour le «soutien» de cette dernière à l’invasion russe en Ukraine.
D’après le ministère allemand des Affaires étrangères, «si les informations sur les soldats nord-coréens en Ukraine sont vraies et que la Corée du Nord soutient avec des troupes la guerre d’agression russe en Ukraine, cela serait grave et constituerait une violation du droit international», a-t-il écrit sur X. Un tel soutien «menace directement la sécurité de l’Allemagne et la paix européenne», selon Berlin. D’après une source anonyme de Washington, si les milliers de soldats prennent part au conflit en Ukraine, «cela sera un indice du désarroi croissant du président [Vladimir] Poutine dans sa guerre contre l’Ukraine».
«Rumeur sans fondement»
De son côté, la Russie, accusée par Séoul, Kyiv et Washington d’accueillir sur son territoire ces soldats nord-coréens, a invité à «demander à Pyongyang» où se trouvent ses troupes. «Les forces armées de la République populaire démocratique de Corée existent, et où elles se trouvent ? Demandez, s’il vous plaît, à Pyongyang !» a répondu lors d’un point presse la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, dénonçant un «battage médiatique».
La Corée du Nord a nié fournir à la Russie des troupes pour son offensive en Ukraine, a précisé un représentant de Pyongyang à l’ONU allant même jusqu’à qualifier de «rumeur sans fondement» l’affirmation de son voisin. Séoul a convoqué lundi l’ambassadeur russe en Corée du Sud pour demander le retrait «immédiat» des soldats nord-coréens envoyés selon lui.
En parallèle, l’Ukraine a appelé ce mercredi à la reddition de tout combattant nord-coréen qui se trouverait sur son territoire. «Vous ne devez pas mourir sans raison dans un pays étranger», écrit un service géré par le renseignement militaire ukrainien dans un message adressé à tout «combattant» nord-coréen qui aurait été envoyé par la Russie sur le sol ukrainien. «Vous ne devez pas subir le même sort que des centaines de milliers de soldats russes qui ne rentreront jamais chez eux !» peut-on lire dans ce texte également traduit en coréen. «Rendez-vous en tant que prisonniers de guerre ! L’Ukraine vous abritera, vous nourrira et vous réchauffera !» exhorte ce service. Le projet à l’origine du message intitulé «Je veux vivre» a été conçu pour aider les militaires russes qui le souhaiteraient à se rendre. Il dispose d’une hotline, et d’un chatbot sur l’application Telegram.
Après bientôt trois ans de guerre, l’Ukraine se trouve dans une situation militaire critique, ses troupes reculant depuis des mois sur le front oriental. L’armée russe, plus nombreuse et mieux armée, revendique très régulièrement la conquête de villages, principalement dans la région de Donetsk. La Russie continue aussi de bombarder les villes et les régions ukrainiennes quasi quotidiennement, faute de système de défense antiaérienne en quantité suffisante.
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