Electricité : comment le gouvernement estime-t-il que «80 % des Français vont voir leur facture baisser», et quid des 20 % restants ?

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Les récentes baisses sur le marché de l’électricité vont être répercutées en février pour les foyers soumis au tarif réglementé. Mais les taxes sur l’électricité et les frais liés à l’acheminement et à l’entretien du réseau vont augmenter, pour tous, au même moment.

Depuis le début du mois d’octobre, les représentants du gouvernement se succèdent pour annoncer la bonne nouvelle : la facture d’électricité va baisser pour les 80 % des contrats au tarif «réglementé», par répercussion des baisses des prix de l’électricité sur les marchés de gros observées cette année. Des baisses considérables, qui entraîneront un allégement global de la facture, même en tenant compte de l’augmentation des taxes sur l’électricité. S’agissant des 20 % de clients restants – correspondant aux contrats déjà indexés sur les prix de marchés – les différents ministres et porte-parole rappellent qu’ils ont, logiquement, déjà vu leur facture baisser.

Dernière prise de parole en date sur le sujet : celle du ministre de l’Economie, Antoine Armand, le mardi 22 octobre dans la matinale de TF1. Interrogé sur des mesures gouvernementales «difficiles à digérer pour les Français» parmi lesquelles «la hausse de la fiscalité sur l’électricité», le ministre avait pu assurer : «80 % des Français vont voir leur facture d’électricité baisser. Pour 20 % d’entre eux, elle a déjà baissé ou ils pourront changer d’offre.»

Une baisse des marchés plus forte que la hausse des taxes

En détaillant une facture d’électricité, on constate que son montant correspond à l’addition de quatre éléments : le prix de l’électricité consommée, bien sûr, mais aussi les frais d’utilisation du réseau (transport et distribution de l’électricité), des taxes, et une part fixe d’abonnement.

Dans un premier temps, intéressons-nous donc au coût de l’électricité (le coût du kilowatt-heure). En France, les fournisseurs d’électricité proposent aux consommateurs deux types d’offre : d’une part, celles proposant des tarifs réglementés de vente (fixés par les pouvoirs publics), et d’autre part les offres de marché (dont les prix sont fixés librement par les fournisseurs). Les personnes qui ont opté pour un tarif réglementé – 80 % de la population environ – paient un prix régulièrement déterminé par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) au regard des fluctuations des coûts de l’énergie, sur le marché, sur une période de vingt-quatre mois.

Comme nous le précise la CRE, «le tarif qui sera en vigueur au 1er février sera calculé en prenant en compte des prix de marché du 1er janvier 2023 au 31 décembre 2024. Raison pour laquelle une estimation très précise ne peut pas encore être communiquée». Les estimations actuellement énoncées par le gouvernement partent donc de l’hypothèse qu’aucun évènement majeur ne viendra tirer les prix du marché à la hausse d’ici à la fin de l’année. Lors de ces derniers mois, «les prix de marché ont beaucoup baissé, en comparaison de la période de vingt-quatre mois précédente» et «le tarif réglementé va donc baisser», assure toutefois la CRE.

Dans le cas de contrats aux tarifs liés au marché, les baisses du marché ont en principe déjà été répercutées par les opérateurs… avec une réactivité et dans des proportions qui vont dépendre de chaque contrat. De fait, à l’heure actuelle, l’essentiel des opérateurs semble pratiquer des tarifs inférieurs au tarif réglementé.

«Une phase de consultation publique»

Autre tarif fixé par la CRE : celui correspondant à l’utilisation des réseaux publics d’électricité (on parle de «Turpe»). Chaque client, dans sa facture, paye en effet une somme qui sera reversée à RTE et Enedis – les deux filiales d’EDF respectivement gestionnaire et distributrice du réseau. Comme l’avait relevé Libération, la CRE a jugé le 17 octobre «nécessaire d’augmenter le Turpe de l’ordre de 10 % en 2025» (avec révision annuelle pour tenir compte de l’inflation). Un taux qui n’est pas encore fixé, la CRE étant encore «dans une phase de consultation publique» sur le sujet. Ce relèvement est proposé pour février 2025, plutôt qu’en août 2025, afin que l’ensemble des hausses et des baisses «soient intégrées au même moment» dans la facture.

Un dernier volet important de la facture concerne les taxes, et notamment l’accise (autrement dit, la «taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité», ou TICFE). Fin 2021, cette taxe s’élevait à 32,44 euros par MWh. Avec la mise en place du bouclier tarifaire, au 1er février 2022, le gouvernement avait provisoirement abaissé celle-ci à 1€/MWh pour les ménages (0,5€/MWh pour les professionnels). Un premier relèvement à 21€/MWh a eu lieu en début d’année, rapidement suivi d’un second à 22,50€/MWh. Le gouvernement a confirmé que celui-ci serait relevé début février. Les premières annonces parlaient de revenir «au moins au niveau pré-bouclier tarifaire» (32,44 euros), tandis que les plus récentes évoquent le chiffre «d’au moins 35 euros».

En septembre, la CRE avait estimé qu’avec un relèvement de la TICFE à 32,44 euros, une réévaluation du Turpe, mais avec le maintien des prix du marché d’ici à la fin de l’année (et donc une forte baisse du tarif réglementé de l’électricité), la facture des particuliers ayant souscrit à un tarif réglementé baisserait «d’au moins 10 %». Anticipant un relèvement plus important de la TICFE, différents membres du gouvernement évoquent désormais une baisse de la facture «d’au moins 9 %».

«Chaque fournisseur va faire sa formule»

Pour les Français dont le contrat est indexé sur les fluctuations du marché, les hausses de la TICFE et du Turpe vont mécaniquement saler un peu leur facture dès février. Le gouvernement laisse entendre que cette hausse sera moins importante que ne l’a été la baisse des marchés en 2024. En revanche, chercher à comparer la facture des 80 % de français au tarif réglementé avec celle des 20 % qui ont un autre contrat «n’est pas vraiment faisable», note la CRE : «Le fait est qu’il existe une multitude de fournisseurs, avec une multitude de contrats, et des manières très différentes de répercuter les prix du marché sur la facture.»

Certains prévoient notamment de limiter l’effet des fluctuations, à la hausse comme à la baisse… «Chaque fournisseur va faire sa formule. Ils sont libres de fixer, dans les contrats, les moments et les montants. Ainsi, certains vont réévaluer les prix en fonction des prix du marché tous les trois mois, ou tous les six mois…» Une profusion et une variété qui font «qu’il n’y aurait pas de sens à chercher à calculer une moyenne des baisses ou des hausses pour les titulaires de ces contrats».

Libération

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