Les photos font froid dans le dos. Des excréments partout, même dans le lavabo, des chatons dans le congélateur, des cadavres d’animaux, des chiens dans un état de dénutrition avancée… Le tout dans un environnement hyperbordélique avec une accumulation de sacs-poubelle et cette « odeur pestilentielle ».
« C’est pour dire, les gendarmes et le maire n’ont même pas pu entrer tellement ça sentait mauvais », se rappelle Xavier Garcia. Le 15 juillet dernier, cet enquêteur de la Société protectrice des animaux (SPA) de Besançon est intervenu dans une « maison de l’horreur » à Chaux, dans le Territoire de Belfort.
« La SPA de Belfort nous avait contactés en nous disant que ça allait être du lourd, poursuit-il. On l’a compris en arrivant devant. Il y avait déjà plein de chiens, de chats et un amoncellement de poubelles. » Mais pas d’occupants, qui ne répondaient alors pas. « Jusqu’à ce que je l’attrape en train d’essayer de se barrer derrière la maison et il nous a autorisés à entrer », sourit ce spécialiste de la maltraitance animale. Qui a donc eu ensuite confirmation des soupçons une fois à l’intérieur du domicile de ces deux sexagénaires.
« Sa compagne, qui travaillait, est arrivée et on a découvert l’horreur. Déjà, toute la maison était en état de délabrement, très sale. Il y avait des chats dans les armoires, une portée de chatons dans des cartons, 8 ou 9 chiens enfermés dans une chambre », détaille-t-il avant d’en venir au pire. « Dans une voiture, on a trouvé des cadavres de chats, d’autres dans des poubelles en plastique. Et dans le congélateur, il y en avait une vingtaine de chatons dont un était décapité. Chez certains, il manquait des doigts… Je pense que des chiens avaient dû les attraper. Et tous étaient là, à côté des poissons panés et des glaces. »
« Le dénouement est heureux »
L’enquêteur raconte tout ça d’un ton presque normal, peu choqué. « Vous savez, on a presque l’habitude avec les congélos. On est allé direct voir ce qu’il y avait dedans. Les gens mettent les animaux dedans car ça ne pue pas et ça les conserve. » D’où, la surprise, justement, des occupants face à cette venue de la SPA. « Ils étaient dans le déni, sans réaction. Ils se demandaient pourquoi on était là alors que tout allait bien selon eux. Qu’ils aimaient leurs animaux. Ils étaient complètement déconnectés », complète encore Xavier Garcia, dont l’association a pu repartir avec toutes les victimes « en danger de mort immédiate ».
Soignée de grippes et autres pathologies, la plupart a pu être sauvée. « Sauf les chatons retrouvés dans une armoire. Ils étaient rongés par la vermine. Il y a eu des notes faramineuses de vétérinaire mais le dénouement est heureux car les chiens ont été adoptés et les chats ont trouvé aussi des familles. »
Les occupants, « c’est rare », sont eux ce jour-là « repartis les menottes aux poignets pour leur garde-à-vue. Le couple pourra de nouveau s’expliquer ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Belfort. « L’audience est à 8h30 », précise maître Christophe Gérard, qui représentera les SPA de Pontarlier, Besançon et Belfort.
« On va demander une requalification des mauvais traitements en acte de cruauté », annonce le conseil. « Quand on voit ce qui a été trouvé dans les congélos, je pense que l’infraction est constituée… Selon l’article 521-1 du Code pénal, cela pourrait entraîner jusqu’à trois ans de condamnation et 45.000 euros d’amende. »
« Ce sont des récidivistes »
Surtout, l’avocat espère obtenir « l’interdiction à vie de détenir des animaux, le fichage de ces personnes condamnées pour maltraitance et l’interdiction d’exercer une activité professionnelle en lien avec les animaux. » Maître Christophe Gérard s’appuiera aussi sur le passé des prévenus afin de se faire entendre. « Ce sont des récidivistes. Ça doit être la 4e ou 5e fois que la SPA intervient chez eux. »
« On souhaiterait aussi un remboursement des frais engagés car nous sommes une association qui ne vit que de dons », ajoute Xavier Garcia en espérant que la cause animale avancera avec ce type d’affaire. « Il faut que les gens prennent conscience qu’on ne fait pas ce qu’on veut avec les animaux. »
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