Procès des viols de Mazan : Un public entre « frustration » et « besoin de comprendre »

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A Avignon, cour criminelle du Vaucluse

« Je suis dégoûtée », souffle Marie, cheveux courts et teinture orange sur le parvis du palais de justice d’Avignon. Cette quinquagénaire est venue de Marseille ce mercredi pour espérer assister à la prise de parole de Gisèle Pelicot, dont l’ex-mari, qui l’a drogué et laissé être violé par des dizaines d’autres hommes, est jugé avec 50 autres accusés depuis près de deux mois par la cour criminelle du Vaucluse. Et comme elle, de nombreuses personnes ont eu la même idée, avec parfois des motivations différentes et souvent la même frustration de ne pas avoir eu de place ou de ne pas en avoir entendu assez.

Depuis le début de ce procès à présent historique, curieux, étudiants, militantes féministes et habitués des prétoires se pressent devant la salle de retransmission prévue pour espérer obtenir un siège. « Je suis en congé, de passage à Avignon », explique Léa, 36 ans, venue témoigner de son « soutien, questionner la notion de déresponsabilisation trop souvent avancée par les co-accusés et constater comment on peut culpabiliser les témoins en les interrogeant sur la nature de leur sexualité ».

Mais face à l’affluence, tous n’auront pas cette chance, même si la direction du tribunal a employé pour ce procès, Anne, chargée d’attribuer la petite cinquantaine de places disponibles selon l’ordre d’arrivée dans la file d’attente mise en place. A chaque suspension de séance, Anne vide la salle, puis réattribue les places. Parfois ça grince un peu, mais tout le monde est compréhensif. « Ralala, la lose », râle Aurélie à l’issue d’une session d’à peine une heure trente, suspendue juste avant que Gisèle Pelicot ne prenne la parole.

Elle n’aura entendu que des expertises psychologiques de co-accusés. « Cela reste très intéressant quoi qu’il arrive », se raisonne cette militante féministe qui désespère des enquêtes de personnalité où « l’on passe une demi-heure à s’interroger sur l’employabilité de l’accusé, à entendre comment il était, ”formidable”, ”discret”, ”normal” et cinq minutes seulement sur son rapport aux femmes. Le procès du patriarcat, on n’y est pas », tranche celle qui est venue trois fois depuis le début de semaine.

« Du mal avec les personnes là pour le spectacle »

Fatalement, chaque jour où une audition de Dominique Pelicot ou de Gisèle Pelicot est prévue, le public se presse. « Comme avec tous les trucs très médiatisés, j’ai un peu de mal avec les personnes là pour le sensationnalisme et le spectacle, dans une sorte de voyeurisme », s’agace Aura, dans sa jeune vingtaine. D’autres encore sont là pour collecter de la matière. A l’image de Madame M., une autrice qui barbouille son cahier de notes de surligneur dans la file d’attente et prépare un livre sur l’usage des mots, et regrette « ne pas disposer d’accréditation » ou de ces cinq étudiants de l’ENS Lyon en master qui sont venus étudier comment « un écosystème varié – publics, journalistes, accusés, habitants – s’organise autour de ce procès. Nous avons qu’une semaine pour l’enquête de terrain, et c’est un peu frustrant car on sait qu’on ne fait qu’effleurer le sujet », regrette Emile.

Le public est à majorité féminine, mais les hommes sont toutefois de plus en plus nombreux à venir assister à ce procès. « Moi, j’ai ressenti le besoin de comprendre comment il est possible qu’autant d’hommes se soient donnés à une telle chose », explique Eric qui fait part de son « dégoût ».

20 Minutes

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